Les lumières s’allument, les acteurs saluent et une partie du public est partie pendant la représentation. Effrayés, attristés, surpris ? Qu’est-ce qui les a poussé à transgresser les portes sacrées du théâtre ? La dramaturge et actrice espagnole Angélica Liddell monte sur scène avec son œuvre Liebestod et « s’assassine » d’abord pour ensuite attaquer le monde. Quel sens prend toute cette violence représentée ? Contribue-t-elle réellement à transmettre un message ou devient-elle simplement un moyen scénique pour susciter le débat ?
Continue readingÉtiquette : Représentations (Page 1 of 2)
C’est un véritable scandale qui éclate en 1950 lorsque pour la première fois est projeté au Mexique le film Los Olvidados. Sexualité omniprésente, critique sociale et illustration d’un Mexique déséquilibré vont faire de Los Olvidados une œuvre taboue et censurée de toute part. La présente re-lecture propose une approche de l’œuvre depuis la perspective psychanalytique et cinématographique de Fernando Cesarman et philosophique de Michel Foucault. Retour sur ce chef d’œuvre cinématographique choc en quelques lignes.
Continue reading« […] je cherche au moins que les couleurs du mot substituent dignement l’acuité de l’œil.»
G. Bufalino, In corpore vili
Il advient parfois que des écrivains privilégient des formes d’expression complexes pour diverses motivations. Ils peuvent user d’un langage dense, de métaphores élaborées ou de structures narratives non conventionnelles dans le dessein d’explorer des idées profondes ou des émotions complexes. L’objectif premier réside souvent dans la quête de saisir la richesse des nuances humaines ou d’approfondir des thématiques exigeant une approche littéraire plus sophistiquée. Dans cet article on va chercher, à travers le cas de Gesualdo Bufalino, de comprendre les raisons de cette complexité et des territoires auxquels elle permet, paradoxalement, d’avoir accès.
Continue readingEntre préjugés et interdits, dire le lesbianisme dans l’Espagne du début du XXe siècle n’est pas chose facile. Si bien des auteur·rices ont tenté l’expérience, leur fin tragique souvent similaire à celle de Federico García Lorca sonne le glas d’une quelconque visibilité sexo-dissidente. Elena Fortún, initialement autrice de littérature de jeunesse, s’inscrit dans cette histoire des luttes symboliques avec Oculto Sendero, un ouvrage resté inédit à l’époque, publié en 2016, véritable exploration littéraire d’une vie inavouée et à cette époque-là inavouable.
Continue readingAvant de devenir artiste, la femme est d’abord née comme le modèle favori des artistes. Depuis l’Antiquité, elle est un modèle esthétique privilégié qui symbolise le désir, voilà pourquoi elle est souvent représentée nue. D’ailleurs, la thématique du nu féminin a marqué l’histoire de l’art et est toujours d’actualité. Cependant, la représentation du nue qui sature la production picturale des hommes, a été réinterprétée par des femmes artistes pour modifier leur regard sur le genre. Il s’est alors effectué une remise en question du nu en peinture, ce depuis une perspective féministe.
Dans cet article, nous envisagerons l’évolution du rôle des femmes dans le nu féminin, passant d’objet du désir à sujet émancipé et actif, qui critique les stéréotypes de genre. Pour cela, nous relirons les deux œuvres Claro de Luna (1939) et Manto de piedra (1947) de l’artiste Raquel Forner.
Est-ce que, dans la série Gomorra, les péripéties qui se produisent ont vraiment eu lieu ? La série s’inspire du livre de Roberto Saviano qui est un travail journalistique, une enquête de terrain proche du documentaire où tout est réel. Oui… mais ! Il est évident que des événements dans la série font clairement échos à des faits qui se sont produits, pourtant Gomorra n’en demeure pas moins une fiction ! Alors comment les réalisateurs brouillent les pistes et créent une tension permanente entre vrai et faux ? C’est à travers le cas de Gelsomina Verde, victime innocente de la mafia que nous allons analyser le processus d’adaptation d’un fait divers de l’actualité italienne dans une série !
Continue readingEt si nous commencions cet article par une devinette :
« Un garçon de 13 ans est en voiture avec son père, quand ils ont un accident. Le père meurt sur le coup et le fils est transporté d’urgence à l’hôpital. Le meilleur chirurgien de l’hôpital est appelé en urgence pour l’opérer, mais dès l’entrée dans la salle d’opération, le chirurgien voit le garçon et dit “je ne peux pas l’opérer, c’est mon fils”. Comment est-ce possible ? »
Chaque pays hispanophone parle son «propre » espagnol, mais la langue n’en demeure pas moins officielle. Les pays hispanophones limitrophes ou proches des États-Unis sont un laboratoire linguistique où, de par leur proximité avec le géant anglophone, le « spanglish » est apparu. Reconnu comme langue par certains, comme dialecte par d’autres, le « spanglish » s’est fait une certaine place dans le monde hispanophone. Mais qu’en est-il du « pocho »? Terme péjoratif utilisé par les Mexicain.es et Chicano.as pour nommer un.e Mexicain.e né.e ou ayant grandi aux États-Unis, « pocho » s’étend désormais au domaine linguistique pour se faire une place comme dialecte écrit et parlé dans les régions hispanophones de la frontière sud des États-Unis, voire comme identité, une sous-culture à part entière. Voici l’histoire d’un stigmate devenu élément de construction d’une subculture contre-hégémonique …
Continue readingFlash info: Les Majas de Goya sont la cible d’activistes écologistes. Elles s’inscrivent dans la continuité polémique dans laquelle elles ont été pétries depuis leur création entre 1797 et 1803. Qui sont-elles ? Des femmes très en vogue appartenant aux classes populaires. Goya dévoile le phénomène du majismo où les hautes sphères de la société ont tenté « d’imiter » les classes populaires. Unique en son genre n’est-ce pas ? Au cœur de ces grandes polémiques, les majas sont-elles les premières influenceuses espagnoles ?
Flash info: Les Majas de Goya sont la cible d’activistes écologistes. Elles s’inscrivent dans la continuité polémique dans laquelle elles ont été pétries depuis leur création entre 1797 et 1803. Qui sont-elles ? Des femmes très en vogue appartenant aux classes populaires. Goya dévoile le phénomène du majismo où les hautes sphères de la société ont tenté « d’imiter » les classes populaires. Unique en son genre n’est-ce pas ? Au cœur de ces grandes polémiques, les majas sont-elles les premières influenceuses espagnoles ?
Depuis la mort de Georges Floyd, un homme afro-américain tué par un policier le 25 mai 2020 à Minneapolis (Etats-Unis), des actes iconoclastes se multiplient envers des statues identifiées comme colonialistes. Ce phénomène de « déboulonnage » s’est invité en Colombie avec une prolifération de ces opérations à plusieurs endroits stratégiques du territoire. Ces initiatives politiques, hautement symboliques, sont souvent appréhendées depuis la perspective de l’influence étatsunienne car ces évènements sont transversaux à une même époque. Or, si la communauté Misak, actrice du déboulonnage de Popayán, surfe sur la vague de Cancel culture, c’est surtout afin d’attirer l’attention sur des revendications actuelles qui leur sont propres. Le cas de la statue de Sebastián de Belalcázar dans la Ville Blanche (figure 1), soulève des problématiques locales particulières reliant mémoire coloniale et enjeux contemporains.
Figure 1 : Le Morro del Tulcán à Popayán, Bernard Gagnon, 2020.