Origines et évolutions de Cerises

De CERISE

Les premiers bourgeons de Cerise (Centre Européen de Ressources sur les Initiatives Sociales et Economiques) sont apparus à Lisbonne en mai 1997, au cours d’une réunion du Réseau Européen de Formation pour le Tiers Secteur, dont l’objectif était de développer la formation, la recherche et l’enseignement supérieur sur l’économie sociale en Europe. La diversité des expériences au sein de l’Europe invitait à une réflexion plus large que ne le permettait la définition trop étroite et communément admise de l’économie sociale (associations, mutuelles, coopératives et fondations).
Créé à Toulouse le 4 janvier 1999, après le colloque sur « L’exclusion sociale et les réponses européennes » (qui a donné lieu à une publication dans la revue Economie et Humanisme en janvier 1999), autour principalement de Jacques Prades, Jean-Pierre Azaïs et Isabelle Mattéi (Thomas Petit-Pszenny s’ajoute au groupe sur un support d’emploi-jeune), le centre de ressources Cerise visait à la diffusion et l’analyse d’informations sur des expérimentations européennes sociales et économiques, marchandes ou non-marchandes. C’est sur cet objectif qu’il sera retenu au titre de l’Appel à projets de Dynamiques Solidaires lancé par le nouveau Secrétariat à l’économie solidaire puis pour un contrat du Conseil Régional de Midi-Pyrénées portant sur un « Etat des lieux de l’économie solidaire ». Dans cette première phase (2000-2004), CERISE est un observatoire de pratiques d’économie sociale et solidaire.

… à CERISES

A la demande d’une structure de micro-finance née légèrement avant CERISE mais portant le même nom, nous avons décidé, en 2004, d’ajouter un « S » à l’association : CERISES devenait le Centre Européen de Ressources sur les Initiatives Solidaires et les Entreprises Sociales en dirigeant l’activité davantage sur les études que sur l’observatoire des pratiques ou plutôt sur l’étude des observations d’entreprises sociales. L’arrivée du Master-recherche, créé par J. Prades, nous invitait également à observer des pratiques européennes et nord américaines de plus près et à chercher à trouver de nouvelles significations à ces formes particulières d’économie. Ainsi, nous avons signé un premier contrat avec l’Institut Pour la Recherche de la Caisse des Dépôts et Consignations sur les coopératives en Espagne, Italie et Québec et un deuxième contrat avec Plaine Commune, communauté d’agglomération du nord de Paris, sur le maillage de l’économie sociale et l’économie solidaire. S’ajoute un contrat andalou géré par le remplaçant de T. Petit-Pzsenny, Marius Chevallier. Dans cette deuxième phase (2004-2006), CERISES est plutôt un bureau d’études, sous forme juridique associative. Il n’en garde pas moins un caractère militant, comme le suggère la création de la cigale CERISOL.

La transformation de Cerises

Insertion des docteurs dans le domaine de l’économie sociale

A l’avenir, tous secteurs économiques confondus, le nombre de diplômés en France augmentera, le diplôme se banalisera et le doctorat ne sera plus seulement un accès à la recherche publique dont l’offre ne progressera que faiblement, mais à des fonctions de responsables d’études appliquées dans des institutions publiques, des entreprises privées ou des organisations professionnelles. Pour cela, il faut à la fois élever le niveau de conceptualisation des chefs de projets et favoriser leur relation avec le milieu innovant, en créant des outils opérationnels qui aillent dans le sens d’une plus grande porosité du secteur marchand (la coopération), non marchand (l’université) et bénévole (étudiants et personnels à rémunération faible) : l’université de Toulouse 2-le Mirail s’est engagée dans la création du master professionnel « La nouvelle économie sociale » dès 2000 et depuis octobre 2005, possède le seul « master recherche » existant en France dans le domaine de l’économie sociale. Puis, sous la pression du président de l’université, nous avons fondu les deux masters en un seul avec deux parcours, professionnel et recherche. Nous avons montré par les faits que l’offre locale de formation avait créé sa propre demande. Mais le mouvement reste insuffisant pour insérer tous nos étudiants (promotion de 20 étudiants par an pour le master professionnel et 15 étudiants en master recherche) dans un secteur qui, malgré son renouveau intellectuel, n’est pas en suffisante expansion économique. Par ailleurs, les recherches durant trois ans nécessitent des financements dont on peut craindre qu’ils ne viendront pas de l’Etat.

Favoriser la recherche en économie sociale

Si les entreprises sociales ne veulent pas être en marge du mouvement qui se dessine aujourd’hui, elles doivent développer de la recherche-action dans les domaines qui les intéressent : micro-assurance, étude de coopératives à l’étranger, forme de marcotage, comportements stratégiques face à la mondialisation, etc. En fait, elles doivent, comme les entreprises lucratives qui développent une veille technologique, favoriser une veille sociale, c’est-à-dire un dispositif permanent d’études de référence dans le secteur concerné. L’économie sociale et solidaire connaît en effet un regain depuis une dizaine d’années en France et en Europe, en large partie due au fait que l’économie sociale instituée est aujourd’hui bousculée par une économie solidaire innovante mais désordonnée, sans organisation fonctionnelle et en fragilité financière. Nous sommes convaincus que c’est par l’interpénétration des deux familles que naîtra une dynamique nouvelle capable à la fois de lutter contre les différentes formes d’exclusion (du travail, du logement et d’accès au crédit) et de donner du sens à des territoires menacés par le processus de globalisation et d’innovations technologiques.

Le statut coopératif ou l’association fiscalisée

La structure qui accueillera le dispositif de mise en relation d’étude et de recherche en économie sociale et les entreprises sociales doit être pérenne. Pour cela, elle favorisera l’accroissement de réserves impartageables qui la mette davantage à l’abri des aléas de la conjoncture que ne peut le faire le statut associatif. Pour parvenir à créer cette dynamique, il est fondamental de chercher à créer une structure qui soit une propriété collective fondée sur un mode de gestion démocratique. Deux solutions existent : transformer l’association en SCIC ou bien créer une autre association, fiscalisée. Telle est le choix. Dans les deux cas, la structure doit premièrement se trouver à proximité de la population étudiante et deuxièmement avoir fait ses preuves en matière de recherche dans le domaine concerné. Concernant le premier point, les collèges A et C sont constitués de personnes qui sont ou ont été engagés de près dans le fonctionnement des masters d’économie sociale de l’Université de Toulouse 2 et plus particulièrement qui sont à l’origine de sa création. Concernant le deuxième point, les supports de publication de ces activités témoignent du sérieux du centre : la Revue Internationale d’économie sociale (RECMA), La revue internationale d’économie locale, la revue Economie et Solidarités, La Revue d’Economie Rurale et Urbaine qui en manifestent le contenu scientifique de CERISES.

La force du contenu scientifique

La méthodologie de Cerises a été testée d’une part sur la région Midi-Pyrénées au travers d’un état des lieux et d’une évaluation de projets par le SGAR, d’autre part sur le territoire de la Communauté d’agglomération de Plaine Commune (plus de détails sur Expertises de Cerises). Cette méthodologie a deux origines : la première trouve son fondement dans les deux définitions admises de la science économique (Walras et Robbins) ; la deuxième repose sur l’ordre chronologique d’un porteur de projet. Utilisée pour analyser les initiatives solidaires et les entreprises sociales, elle repose sur une classification en 4 pôles : ressources informationnelles, ressources financières, champ de la production et champ de la consommation (plus de détails sur Méthodologie).

Mais au-delà de cette méthodologie, la question qui au centre de CERISES est celle de l’agglomération d’activités d’entreprises sociales qui est d’une certaine manière en panne. Cette question est à la fois théorique et pratique. En réalité, ce qui sous-tend l’économie solidaire en France, c’est pratiquement la structure juridique associative et théoriquement la figure de l’idéal-type de M. Weber. Or, le point de vue de CERISES-scic se porte davantage sur les coopératives que sur les associations et considére davantage les structures le long d’un continuum que sur la recherche d’une entreprise idéale… mais introuvable.
Devant cette difficulté d’agglomérer les activités, on peut dire qu’il y a deux réactions qui ne sont pas antinomiques :

  • la première est de tenter d’infléchir les politiques publiques en ce sens. C’est la finalité du RTES, réseau des territoires pour l’économie solidaire,
  • la deuxième est de consolider financièrement les structures. De ce côté, on a vu apparaître des formes originales de coopératives : coopératives sociales en Italie, coopératives de multiples formes en Espagne et SCIC en France. Certaines ont formé de véritables agglomérations d’activité. Mais leur développement est essentiellement lié à une culture qui fait beaucoup défaut.

La difficulté de développement de ces pratiques tient au fait qu’elles ne sont pas facilement repérable avec les outils traditionnels de l’INSEE et qu’elle nécessite des outils d’observation appropriée. Pour asseoir son développement, il est d’abord nécessaire de les observer, d’en tirer quelques récurrences puis de construire des outils méthodologiques. Au-delà de la première méthodologie évoquée plus haut, nous avons construit méthodologiquement ce travail à partir d’un logiciel d’analyse lexicale d’un corpus de textes d’Assemblées Générales de l’économie sociale les plus représentatives. A partir de lui, il a été possible de construire des programmes fédérateurs des différentes familles de l’économie sociale8 à partir de classes et de groupages de mots dont la signification est ensuite à découvrir.

Dans un troisième temps, la méthodologie de CERISES repose sur les outils traditionnels de l’économie industrielle. : l’agglomération gravitaire, l’agglomération par marcottage, l’agglomération par spécification mais dont l’entrée n’est pas nécessairement économique mais sociale.
C’est à ce travail auquel voudrait s’attacher CERISES-scic dans un premier temps en Europe du Sud à travers trois directives principales mais non exclusives : les coopératives de services de proximité, les coopératives de financement et les coopératives de logement.
Ainsi, par rapport à son ancienne activité, CERISES-scic déplacerait son activité autant vers les coopératives que vers le tissu associatif, dans une logique d’agglomération d’activités qui irait des entreprises sociales vers les initiatives solidaires dans une perspective politique de changement social.
L’observation, l’analyse comparative et anthropologique des formes d’entreprises sociales et d’initiatives solidaires restent l’activité majeure de CERISES-scic.

Cerises est un centre indépendant de l’université et des centres de recherches, financé exclusivement par les contrats réalisés avec :

  • Le SGAR Midi-Pyrénées,
  • Le Conseil Régional Midi-Pyrénées,
  • la communauté d’agglomération Plaine Commune,
  • Aquitanis,
  • l’Institut pour la Recherche Caisse des dépôt et Consignations,
  • la Communauté Européenne, 
  • des demandes privées.

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