Propriété collective

Depuis les années 1950, la notion de propriété collective a fait l’objet d’une amnésie quasi générale.

Alors que le mouvement des coopératives d’habitants a été progressivement décimé dans les années 1970 par des lois remettant notamment en cause la possibilité d’une propriété collective (location coopérative dans laquelle on possède des parts de la coopérative qui elle-même possède l’habitat, mixité sociale rendue possible par la coexistence de plusieurs formules de location, etc), de nouvelles tentatives de coopératives d’habitants se font jour dans les années 2000.

Le secteur des technologies de l’information et de la communication voit se développer des pratiques non marchandes et non hiérarchiques autour des logiciels libres. Dans sa thèse soutenue en janvier 2009, Benjamin Grassineau propose une observation empirique du réseau coopératif des logiciels libres et du projet de l’encyclopédie libre et ouverte Wikipédia. Dans un échange avec Jacques Prades, est notamment envisagée la capacité de ces réseaux coopératifs à contribuer au développement de l’autonomie dans la société moderne.

Le Centre d’Etudes Socialistes organise chaque année une journée d’étude sur les économies alternatives. Jean-Marie Meilland et Jacques Prades sont intervenus cette année à propos de l’organisation du champ de la production, du complexe coopératif de Mondragon et de la Commune de Paris.

Lors du Colloque de Pau organisé le 15 décembre 2006 par la Fédération Nationale du Crédit Agricole, Jacques Prades était invité à conclure une table ronde marquée par la présentation de diverses pratiques et traversée par la question de la transférabilité. Il avançait que propriété collective et transférabilité ne font pas bon ménage.

Dans le cadre d’une journée d’étude sur les coopératives d’habitation (www.habicoop.fr), Jacques Prades évoquait le renouveau de la coopération, qui repose sur trois grands piliers pouvant constituer un projet :

  • une réappropriation de l’espace social : compter sur ses propres forces et prendre sa vie en main, c’est s’opposer à l’idée que le monde nous échappe totalement.
  • la création d’un collectif fondé sur l’hétérogénité des groupes et non leur homogénéisation.
  • le principe de la double qualité : les gens qui conçoivent et acquièrent sont aussi les usagers de ses services.

Interview de Jacques Prades au quotidien Le Parisien-Economie édition du mardi 13 mai 2008 :

« Le poids du mouvement coopératif en France est faible comparé à nos voisins européens, notamment italiens et espagnols. Un exemple : le nombre total de salariés de l’ensemble des Scop de notre pays représente à peine la moitié de ceux embauchés dans la seule Mondragon, une association de coopératives du Pays basque. Cette faiblesse est tout dabord culturelle. Nous vivons dans une époque individualiste. Si les Français acceptent de créer une entreprise et d’y consacrer beaucoup de temps, c’est d’abord pour gagner individuellement de l’argent ; or, la Scop par définition est un projet collectif (ce qui ne signifie pas qu’on ne puisse pas y gagner de l’argent!)
C’est également lié à un manque d’information : quand on parle de coopérative en France, les gens ont l’image des coopératives agricoles et viticoles ou celles de l’Europe de l’Est. Par ailleurs, la communication faite par le mouvement des Scop est déplorable car elle apparaît comme une solution de dernier recours en cas de dépôt de bilan ou d’absence de repreneur. Or, le mouvement coopératif a prouvé qu’il pouvait aussi apporter des réponses adaptées à des problématiques économiques et sociales de lutte contre l’exclusion ou le chômage. Enfin, c’est un problème politique : je suis par exemple surpris de la totale ignorance de la gauche française sur le sujet ! «