Caractérisation de la nouvelle économie sociale
Les pratiques économiques et sociales diverses qui relèvent de cette appellation ont comme caractéristiques communes :
- de se structurer de bas en haut à partir d’initiatives locales,
- de pouvoir associer des financements multiples (privé, public et bénévole),
- de mêler des considérations sociales de justice et d’équité à des impératifs économiques de concurrence, de réactivité, de solvabilisation de la demande et de professionnalisation de l’offre,
- d’obéir à un projet éthique qui se manifeste par des chartes.
La nouvelle économie sociale pénètre tous les champs de la discipline
La nouvelle économie sociale, qui repose sur la mutualisation des pratiques, la coopération et l’association, peut être divisée en deux types de ressources et deux champs d’utilisation.
Concernant le premier type de ressources, les investissements mutualisent des outils et des compétences, capitalisent des expériences, permettent d’échanger des pratiques et d’aider à transférer des savoir-faire dans le domaine des outils de gestion et de démarrage d’entreprise. Ces ressources marquent la volonté d’assurer une veille sur les nouvelles formes de coopération, particulièrement celles liées au nouveau statut des SCIC ou sur la communication de ce qui se passe sur les différentes régions dans ce domaine.
Le deuxième type de ressource concerne les différents modes de micro-financement, des dispositifs de droit commun (EDEN, PCE, etc), des prêts solidaires aux prêts d’honneur (ADIE, plate-forme, etc), aux participations et garanties (CIGALES, etc) jusqu’aux cautionnements et aux différents prets d’honneur ou autres des banques coopératives.
Concernant les champs d’utilisation de ces ressources, on peut repérer les champs de la production où l’on trouve la philosophie de l’aide au démarrage proche du marché (Union Régionale des Entreprises d’Insertion) jusqu’à la philosophie de l’aide sociale (Comité d’Organismes d’aide aux chômeurs) en passant par des formes intermédiaires (Groupement d’employeurs pour l’Insertion et la qualification ou les Club Régionaux des Entreprises Pour l’Insertion) et par les régies de quartiers. Mais on y trouve aussi les grandes enseignes de services de proximité et tout le champs des coopératives ;
Concernant le champ de la consommation, la répartition et l’échange, on peut regrouper les activités sur une base territoriale : la maisonnée (les jardins familiaux), le quartier (les repas de quartier), la ville (les Systèmes d’Echanges Locaux), le pays (la démocratie locale) et le global (l’échange équitable).
Ce périmétrage doit s’accompagner d’un repérage des activités nouvelles dans le domaine de l’économie sociale et solidaire, principalement au travers des services de proximité.
La nature des innovations
Au début des années quatre-vingt, les modèles de compétition technologique participaient à l’idée que la technologie était devenue la nouvelle richesse des nations. Mais au même moment, la fracture sociale progressive et la fracture digitale naissante, l’effritement des espoirs que laissait sous-entendre un autre modèle de société, poussaient à déceler les effets pervers de ces modèles et certaines recherches se dirigèrent vers « l’ombre » ou les interstices des sociétés riches. Là, on découvrait des modes de vie qui cherchaient à marier une façon de produire la richesse sociale autrement que sur une base exclusivement matérielle et une répartition du produit librement discutée. Pourquoi alors ne pas utiliser la métaphore de la veille technologique, comme processus cumulatif d’expériences, appliquée au domaine social ? Pourquoi ne pas décrire, observer, analyser ces bricolages économiques et sociaux, ces solidarités de proximité, ces combinaisons de ressources financières, cette autre façon de structurer l’activité économique en combinant l’Etat et le marché ? L’hypothèse retenue par un grand nombre de chercheurs et sur laquelle s’appuie cette formation est que c’est souvent aux marges que jaillissent les sources de l’innovation.
Un domaine d’étude ouvert
L’économie sociale et solidaire n’est pas « un tiers secteur », si on conçoit ce terme comme signifiant un domaine étanche, fermé sur lui-même.
L’économie marchande non lucrative (qui ne signifie pas la gratuité) est conçue à partir d’une économie compétitive, dotée d’un Etat fort. La question des externalités prend alors tout son sens.
Dans un contexte d’économie mondialisée, c’est en comparant les coûts de coordination qui résultent souvent des économies d’échelle que l’on peut mesurer les effets de proximité.
La micro-finance, parce qu’elle associe un accompagnement à l’obtention d’un prêt d’une personne en situation d’exclusion, découle du phénomène de globalisation financière qui gère statistiquement le risque. Le développement des systèmes d’échanges locaux met l’accent sur la confiance qui est la première dimension d’une monnaie commune.
Le développement durable se conçoit à l’intérieur d’une observation critique du développement et de l’idée de progrès. Le principe de précaution découle d’une analyse des technosciences.
A leur tour, externalités, effet de proximité, confiance, principe de précaution alimentent le questionnement de l’économie globale.
Un élargissement de l’économie solidaire à l’économie informelle et populaire
Du point de vue des politiques publiques, il s’agit de bien mesurer le rôle que pourraient avoir les exclus de la croissance par une insertion économique au travers de l’économie sociale et solidaire et non plus par une réparation sociale de l’Etat.
Autres sujets
Pour connaître les centres d’intérêt des chercheurs présents à l’Université du Mirail ou dans des universités partenaires, vous pouvez consulter cette liste de thèmes de recherche.