« Entre sueños nos llegan ideas y diseños. Así es con los Leñateros :
la Luna y las hijas del rayo nos regalan sueños para alumbrar el camino.
Reciclamos nuestras visiones para convertirlas en arte ;
También reproducimos los sueños de otros :
Imagénes de los códices, de los sellos de barro pre-hispánicos,
Motivos de los tejidos y de la cerámica maya. »
Taller Leñateros
Traduction en français:
Entre les rêves nous viennent des idées et des dessins. Ainsi est-ce avec les Leñateros :
La Lune et les filles de son rayonnement nous offrent les rêves pour éclairer le chemin :
Nous recyclons nos idées pour les convertir en art :
Nous reproduisons également les rêves des autres :
Images des codex, sceaux d’argiles pré-hispaniques,
Motifs des tissues et céramiques mayas.
Taller Leñateros [1]
Taller Leñateros est un collectif culturel mexicain, qui a été fondé en 1975 à San Cristóbal de las Casas dans l’état du Chiapas, par la poète Ámbar Past. C’est un des premiers collectifs à s’ouvrir aux personnes d’origines indigènes dans la région. Ses principaux adhérents étant des tzotziles et tzeltales résidant dans le quartier de Cuxtitali. Pour réaliser leurs travaux, les membres du collectif utilisent les savoir-faire, traditions et coutumes ancestrales de la culture maya, comme par exemple : l’élaboration des pigments naturels faits à base de plantes, des travaux de reliure, gravure sur bois et xylographie. Ils utilisent également des techniques modernes inventées par eux même et qu’eux seuls maîtrisent, telles que ; l’elotegrafía, la chanclagrafía, la petalografía et la chayotegrafía, ces idées sont basées à partir d’objets du quotidien et présents la nature : elote : maïs, chancla : sandale, pétalo : pétale et chayote : légume du Mexique.
Le but de ces méthodes est de mettre en avant la conscience écologique, une des valeurs principales de ce collectif, en utilisant des matériaux recyclés, comme des déchets agricoles et industriels. Le projet est né avec l’objectif de promouvoir la créativité artistique de groupes minoritaires et de diffuser les valeurs culturelles autochtones et populaires. De plus, ils cherchent à préserver la culture maya a travers la tradition orale.
Ils participent ensemble à la prise de décision, aux propositions des idées innovantes pour le projet en cours ou à venir: Ainsi, ils peuvent tous bénéficier tant individuellement que collectivement du développement de ce projet. [2]
Les œuvres publiées par Taller Leñateros et le projet Cuxtitali Cartoneras
Taller Leñateros collabore avec d’autres organismes culturels qui sont engagés dans la préservation et la diffusion de la culture maya au Mexique. Par exemple La casa del escritor indígena qui organise des rencontres régionales, nationales et internationales avec différents auteurs qui écrivent en diverses langues indigènes.
C’est en 2010 qu’est né le projet : Cuxtitali Cartoneras, il s’agit d’une série artistique publiée par Taller Leñateros, appelé Libros de kartón. Cette collection contient six titres : Alquimia para principiantes de Natalia Toledo (écrit en espagnol et zapoteco), Spare Poems, de Alejandro Murcia (écrit en espagnol et anglais) Cuando era hombre, Nocturno para leñateros et Dedicatorias de Ambar Past (écrit en espagnol).
Le projet Cuxtitali Cartoneras a été une production importante pour le Taller Leñateros car il a marqué l’ouverture du collectif à la publication de poésie bilingue, et de par son succès a permis de faire reconnaître le travail de ses auteurs.
Cependant, un premier ouvrage bilingue avait été publié en 1978 : Slo’il Jchiltaktik : Cuatro vidas tzotziles, il s’agit de l’autobiographie de quatre femmes mayas artisanes. Cet ouvrage est précieux car il met en avant la valeur de la fabrication artisanale des livres, ainsi que la préservation des traditions et cultures autochtones. [3]
Les publications de taller Leñateros, racontent les histoires et légendes des grands-pères et grand-mères des communautés indigènes, pour conserver la cosmogonie maya à travers la tradition orale, en récupérant ses chants, ses contes, ses danses, sa musique, sa manière de cohabiter et son lien intime avec la nature.
Son initiative principale est de transmettre les cultures autochtones à tout type de lecteurs, en créant aussi des livres infantiles et des enregistrements de chants des enfants en tzotzil. Tout en reproduisant de manière symbolique le monde mystique maya.
Conjuros y ebriedades, canto de mujeres mayas « Sortiléges et Ivrésses, chant des femmes mayas » : une héritage maya
C’est de ce besoin de reproduire et d’exprimer les traditions mayas, que surgit Conjuros y ebriedades, cantos de mujeres mayas. Ce livre bilingue tzotzil/espagnol de 200 pages et 60 sérigraphies d’artistes est le premièr ouvrage écrit, illustré et élaboré par le peuple maya depuis les codex. C’est une anthologie de chants et de peintures réalisés par des femmes tzotziles. Ce projet, en particulier, a donné la possibilité de diffuser les traditions et les coutumes indigènes à travers ses représentantes, une des plus connue étant la chamane Maruch Mendes Peres, qui a réalisé plusieurs traductions de textes, photographies et sérigraphie. [4]
Maruch Mendes Peres est une des femmes tzotziles à la tête du collectif. Elle raconte des histoires, des remèdes pour soigner l’âme, ses paroles qu’elle dit venant du fond de son cœur, maintiennent vivante la voix de ses ancêtres.
La couverture du livre représente le visage de la terre mère nommée par les indigènes Kaxali. Ce visage, de la couleur de la terre est la figure d’un personnage sans temps. Cet un clair exemple d’un des livres art-objets fabriqués par Taller Leñateros. La technique, en relief, fait de sa couverture une pièce unique. Elle invite au lecteur à découvrir cet ouvrage magique et mystique rempli de rêves et d’ésotérisme.
Le titre de l’ouvrage fait référence au monde spirituel des femmes chamanes. Los conjuros (sortilèges) viennent des rêves, racontés sous forme de contes. Il s’agit de sortilèges pour guérir le cœur, l’âme et souvent pour protéger l’animal nahual, car selon la cosmologie maya,tout être humain a un animal qui le représente et le protège : [5]
Que viva mi animal
todavía muchos años
en las páginas del Libro,
en sus letras, sus dibujos,
y en toda la faz de la Tierra.(Extrait : de poésie de Conjuros y ebriedades)
Le deuxième mot du titre, Ebriedades, ébriétés, est lié à la musique, les chants et la fête. Dans les villages mayas, tout au long de l’année ont lieux des festivités religieuses et civiques, au cours desquelles ils préparent des repas et des boissons fermentées spéciales pour l’occasion. C’est le moment ou des hommes et des femmes boivent et se trouvent donc plus vulnérables face au désir et au péché. [6]
Me llamo la Sagrada Mujer
Me llamo la Sagrada Magrina
…
Soy una mujer borracha
soy una niña borracha.
…
Me siento muy dulce
me siento muy agria.
El trago tiene sabor de melón
Tiene sabor a sandía…Tonik Nibak
San Cristóbal de las Casas : une ville de résistance indigène
Taller Leñateros se trouve dans la ville de San Cristóbal de las Casas, qui est la deuxième plus ancienne de l’état de Chiapas. Elle a été fondée par des moines en 1528, son histoire commence sous l’influence catholique des espagnols.
A l’époque coloniale, la ville détenait un rôle de capitale pour les indigènes. Son nom préhispanique était Hueyzacatlán qui signifie terre de grand herbe ou Jovel en tzotzil. Puis, son nom a changé durant 19ème siècle pour Ciudad Real et plus tard à San Cristóbal de las Casas en honneur à Fray Bartolome de las Casas, moine défendeur des droits des indigènes. Actuellement, il s’agit d’une ville cosmopolite habitée par des métisses, des indigènes, des européens et des étatsuniens. Les communautés indigènes qui vivent aux alentours : tzeltales, tojolabales, tzotziles et choles, se rendent souvent à San Cristóbal pour vendre leurs artisanats et leurs produits naturels. Il s’agit là de leur principale source de revenu, devant le chômage et les manques économiques.
De manière générale, la population mexicaine exerce une pression sociale sur les groupes ethniques minoritaires. Dans le roman Balún Canán de Rosario Castellanos, un chamula lui parle à son père dans la langue de Castilla, et l’écrivaine apprend le dialecte par sa nourrice. Dans le conte Benzulul de Eraclio Zepeda, un indigène perd son identité parce que c’est plus important de s’appeler Encarnación Salvatierra que Juan Rodríguez Benzulul. Ou encore dans l’ouvrage de Rosario Castellanos nommée Ciudad real, avoir comme nom de Famille Tovilla ou Mazariegos est mieux considéré socialement que de porter un nom d’origine indigène tel que Bolometic.
Après 25 ans de rébellion zapatistes, les indigènes de la région de Chiapas résistent devant le processus d’acculturation qu’impose la globalisation, les médias et les réseaux sociaux. Parmi la population, ce sont les jeunes qui sont les plus vulnérables, ces derniers sont tentés par l’émigration et tendent à adopter des nouveaux codes qui leur permettent de s’adapter à la société moderne, comme l’exige les stéréotypes du monde occidental.
Aujourd’hui, parler des langues amérindiennes est signe de résistance pour les peuples autochtones. C’est dans ce contexte que surgit Taller Leñateros, qui aspire depuis quarante ans à transmettre les voix des populations autochtones et faire découvrir, à travers ses créations et textes littéraires, leur monde quotidien et mystique.
Sources:
- Taller Leñateros [En ligne], http://www.tallerlenateros.com/prensa.php?ira=prensa
- Idem
- CANOSA Daniel, Editoriales cartoneras: el paradigma emancipatorio de los libros cartoneros en contextos de vulnerabilidad social, [En ligne], 01/08/17 http://eprints.rclis.org/32049/1/DANIEL%20CANOSA%202017.pdf
- MANSOUR Monica, Conjuro y ebriedades, [En ligne], http://www.debatefeminista.cieg.unam.mx/wpcontent/uploads/2016/03/articulos/024_15.pdf
- URQUIDI Marcelo, Cantos de mujeres Mayas, [En ligne], http://www.henciclopedia.org.uy/autores/Urquidi/MujeresMayas.htm
- Idem
- PONIATOWSKA Elena, Ambár Past y el taller leñateros, La Jornada [En ligne], https://www.jornada.com.mx/2007/10/28/index.php?section=opinion&article=a04a1cul
Merci Maria par toute l’information que t’a partagée avec nous.
Le projet de Taller Leñateros a attiré mon attention depuis que j’ai entendue parler au cours Arts et Innovations de l’IPEAT.
Déjà la date de la formation de l’atélier ou taller, en 1975, me fait penser à la maturité du projet, 35 ans avant que la formation de la première maison d’édition cartonera, Eloisa Cartonera.
J’aimerai savoir plus du context sociale et politique de Chiapas pendant la décade des 70’s, mais l’information que j’ai réçu et que je partage avec vous, est que l’Université Autonoma de Chiapas a été ouverte en 1974, un an avant de la création du Taller Leñateros. Celle-ci a permis l’acceuil de nouvelles générationes de jeunes et d’étudiantes préparées, et avec un fort envie de préserver la culture locale et donner la parole aux cultures minoritaires.
Une autre question que j’ai trouvé très interessant en ce post est l’élaboration, la et la forme des ouvrages et les materieux utilisées pour leur édition. On voit bien que s’agit d’une practique alternative et totalement écologique mené à bien pour les participants de l’atélier. Elle met en valeur la richese de la nature authoctone et de la culture indigène et popular de Chiapas et des mayas, par example, à partir des codex. Est une practique qu’essai de diffuser les techniques et la culture maya ailleurs, une practique, que gard vivant leur culture ancenstrale et qui preuve à la rendre visible et plus démocrathique.
à mon avis, Taller Leñatero est essentiel en tant que préservateur de la culture et la langue maya et il met en valeur la création, l’édition et la diffusion de la littérature et de l’art.
J’ai trouvé fascinante le projet Cuxtitali Cartoneras, en quant à la téchnique utilisée pour dévélopper les ouvrages et tout l’artesanie que nous approche à les cultures indigènes du Méxique. Sont des ouvrages artistiques et litteraires qu’aujourd’hui servent à reivindiquer sa propre culture et donnent la parole aux peuples minoritaires et opprimés en face d’un systhéme capitaliste répresseur.
Le fait que Taller Leñatero publie ses livres en deux langues, langue indigène et espagnole, facilite la diffusion des cultures et langues locales, et rend plus acequible leur lecture par un majeur nombre de lecteurs.
Cet article m’a donnée envie de continuer à me documenter sous le projet Taller Leñatero et aussi à en savoir plus de toutes les personnes qui travaillent derriere ces initiatives culturelles pour garantir la continuité des cultures locales et faciliter et approcher l’art et la littérature à tout le monde par égal.
Chiapas est une région qui a une histoire très particulière, marqué pour la lutte et la reivindication de son peuple et au même temps, aussi marqué par la répression et endoctrinement des classes dominantes et les élites. Cependant l’oppresion vécu au longue de l’hisotoire, la culture et ses langues continuent vivantes et naîssent des projets comme celui-ci, crées par des gens courageux qui ont le besoin de preserver sa culture, son histoire, ses racines mayas, afin de ne pas tomber dans l’oubli d’un peuple et d’une histoire, d’une culture.
Tout d’abord, je te remercie Maria-Alejandra pour cet article de qualité ! Dans la rubrique « Cartonera » de ce blog, le Taller leñateros attire particulièrement l’attention car son existence précède celle de l’emblématique maison d’édition Elisa cartonnera qui a permis de faire connaitre ce type d’édition alternative dans le monde. Cependant, je n’ai pas bien compris si le taller utilise depuis toujours des matières recyclées ou si cela est récent, pourrais-tu nous préciser cette information ? Je t’en remercie d’avance.
D’autre part, je voudrais émettre deux commentaires au sujet de ton article :
De manière anecdotique je voudrais faire remarquer, (de mon point de vue d’européenne vivant en Amérique latine) qu’il me semble paradoxale que les pratiques ancestrales telles que celles que tu décris, soit considérées comme alternatives et non comme la norme, cependant il s’agit d’une réalité que tu confirmes.
Ensuite, de manière plus générale le taller se différencie des maisons d’éditions traditionnelles mexicaines par le fait qu’il publie des textes en langues indigènes. Plusieurs articles de ce blog parlent de maisons d’édition cartonneras latino-américaines qui elles aussi publient en langues amérindiennes. Pour n’en citer que quelques-uns :
– Production littéraire en langue nahuatl par La Cartonera Cuernavaca, écrit par Marian (https://blogs.univ-tlse2.fr/arts-innovation-amerique-latine/2019/03/17/production-litteraire-en-langue-nahuatl-par-la-cartonera-cuernavaca/#more-1644)
– Yiyi Jambo: pour un portunhol salvagem, écrit par moi-même (https://blogs.univ-tlse2.fr/arts-innovation-amerique-latine/2019/03/01/yiyi-jambo-pour-un-portunhol-salvagem/ )
Les langues indigènes sont encore trop peu présentes dans la littérature latino-américaine, ce qui vient souligner une problématique majeure : la tendance qu’ont les langues amérindiennes à disparaitre face à la diglossie des langues coloniales. Je t’invite à lire un article traitant de ce sujet : « La revitalisation des langues amérindiennes en Amériques latine » http://sens-public.org/article1138.html
Très heureuse de voir que ce type d’initiatives existent, en espérant que le taller grandisse !
Je trouve intéressant le sujet que tu aborde dans l’article, lié aux ateliers artistiques au Mexique, en particulier dans la région du Chiapas, axés sur l’art préhispanique et se mêlant à des propositions plus contemporaines. Ce qui nous permet d’en savoir un peu plus sur cet état riche en traditions et en culture.
Tu nous as donné plus d’informations sur l’atelier de Leñateros et sur le contexte dans lequel l’atelier a été créé et développé; tu présentes clairement l’objectif de ce projet: promouvoir la créativité artistique, mais tu as également souligné qui sont les protagonistes de cette proposition: les groupes minoritaires, notamment les autochtones, dans le but de promouvoir leurs valeurs culturelles. Et il me semble un moyen propice de promouvoir la production artistique de ces villes, en même temps qu’un moyen d’expression et de valorisation de notre culture, notamment : la lecture et la connaissance de ces peuples. Sans oublier que ce projet peut aussi être une source de travail pour plusieurs personnes.
Un aspect remarquable de ces ateliers est la qualité artistique de leurs œuvres, sans doute une esthétique impressionnante, merci de placer les photos qui nous permettent de percevoir ces œuvres artistiques, par exemple, les couvertures du livre Alquimia me paraissent magnifiques, les couleurs utilisées, les photographies des femmes et des filles en train de peindre sont vraiment des œuvres de très haute qualité artistique.
Le sujet que vous abordez est très proche du sujet sur lequel j’ai travaillé pour ce cours. Dans mon cas, la Cartonera que j’analyse est située dans l’état de Morelos, Mexique, où existe également un projet de littérature bilingue nahuatl-espagnol. Dans ton cas, je vois qu’il s’agit principalement de la langue maya et de collaborations avec des travaux zapotèques et même de traductions en anglais. Nous pouvons souligner, comme le montrent ces deux œuvres, qu’il existe dans le pays plusieurs mouvements artistiques qui promeuvent des espaces dans lesquels les cultures autochtones et leurs langues, nos langues, sont valorisées.
Le travail à effectuer dans ce sens est peut-être très vaste, car sur le nombre total de langues parlées, seules les plus parlées sont reprises, mais il s’agit d’un exemple des efforts déployés pour préserver et diffuser les cultures ethniques par le biais de la poésie, contes, légendes, chansons et arts visuels.
En ce qui concerne le contexte politique et social, la question est complexe dans cette région du pays et de nombreux éléments jouent un rôle dans les conflits même armés. Une chose est certaine, nous ne pouvons pas généraliser trop, dans la mesure où tous Les peuples autochtones n’ont pas la même attitude envers les mouvements zapatistes.