Andrea Murcia est une jeune photojournaliste de 29 ans originaire de Guadalajara. Elle a commencé la photo là-bas en capturant des moments de la vie quotidienne ainsi que des éléments architecturaux.
“Empecé en la fotografía perdiéndome en las calles del Centro Histórico de la Ciudad de Guadalajara. Su arquitectura y la manera en que las personas hacen suyas las calles sin notarlo me atrapó”
Elle travaille aujourd’hui pour la revue photographique Cuartoscuro qui est l’une des agences de photojournalisme la plus importante du pays. De ce fait, elle travaille sur de nombreux sujets bien qu’elle soit reconnue principalement pour son travail auprès des mouvements féministes.
Elle a d’ailleurs reçu le prix allemand de photojournalisme Walter Reuter pour sa photo Barbara 8M prise lors de la journée des femmes le 8 mars 2021.
Une photographe engagée
Au travers de ses photos, elle cherche à raconter des histoires, des histoires qu’elle se sent incapable de raconter avec des mots, et ce, pour aider ceux qui en ont besoin en visibilisant leur combat et leurs voix afin que les choses puissent changer. Le photo journalisme est alors pour elle une manière de participer à ces combats.
Elle explique qu’elle essaie toujours de travailler depuis une perspective de genre, c’est-à-dire qu’elle souhaite rompre avec les vieux discours hégémoniques qui mettent l’accent sur les dégâts matériels plutôt que sur les causes de la colère des femmes. Pour elle, travailler depuis une perspective de genre consiste à essayer de tout montrer, de questionner ce que l’on voit et de se demander si la photo va apporter quelque chose au combat. Dans ce cadre, le photojournalisme en tant que tel est facteur de changement.
Elle partage également son travail sur Instagram sous le pseudonyme Usagii_ko ce qui lui permet de donner à son travail une plus grande visibilité pouvant toucher des personnes à l’international. Elle y réunit près de 1600 publications et environ 58 000 abonnés. Elle y publie sa première photo le 8 octobre 2014. Les premières années, elle partage principalement des images de la vie quotidienne, des expositions, des paysages, mais depuis deux ou trois ans, son contenu est de plus en plus politisé. Elle y explore de nombreux thèmes, allant de la visibilisation de la culture régionale, à la crise sanitaire de 2020 et tout particulièrement les luttes et mouvements féministes.
Parmi les luttes qu’elle expose, c’est la prise de la Commission nationale des droits de l’Homme de Mexico (CNDH) par des collectifs féministes en septembre 2020 qui a eut le plus de succès sur son compte Instagram puisque certaines de ses photos ont atteint jusqu’à 40 000 likes.
La prise de la CNDH.
La mobilisation qui a conduit à la prise de la CNDH en septembre 2020 est liée à la question du féminicide qui est sensible au Mexique. En effet, environ 10 femmes sont tuées chaque jour et l’on dénombrait près 73 000 portées disparues en 2020. Ce fort taux est accompagné d’un faible investissement de l’Etat dans la résolution de ce problème. En effet, selon un rapport du parquet général de Mexico (FGJEM) en 2020, sur 3723 morts violentes de femmes, seulement 940 ont fait l’objet d’une enquête en tant que féminicide, soit moins de 30%.
Au-delà de l’inaction, l’Etat procède également à une invisibilisation de cette violence contre les femmes puisque le président aurait affirmé que les taux de féminicides diminueraient ces dernières années tout en étant incapable de donner le nom de victime de féminicide.
C’est dans ce cadre, que le 2 septembre 2020 des mères de victimes de féminicides se sont attachées à des chaises et refusé de sortir de la CNDH tant qu’elles n’auraient pas été entendues. Le 3 septembre, le collectif féministe Ni Una Menos leur apporte son soutien et investit le bâtiment de manière pacifique. Le 6 septembre, le bâtiment est renommé Casa de refugio Ni Una Menos ou Casa Okupa et est, comme son nom l’indique, transformé en endroit de refuge pour toutes les femmes.
À partir de ce moment, la résistance s’organise et plusieurs collectifs rejoignent le mouvement tel que le Bloque Negro ou las Crianzas feministas. Certaines femmes font des dons d’argent et de nourriture, d’autres font des rondes pour surveiller et sécuriser le bâtiment. Une véritable société matriarcale y est donc construite, société qui continue à se développer aujourd’hui.
La mobilisation qui a conduit à la prise de la CNDH en septembre 2020 est liée à la question du féminicide qui est sensible au Mexique. En effet, environ 10 femmes sont tuées chaque jour et l’on dénombrait près 73 000 portées disparues en 2020. Ce fort taux est accompagné d’un faible investissement de l’Etat dans la résolution de ce problème. En effet, selon un rapport du parquet général de Mexico (FGJEM) en 2020, sur 3723 morts violentes de femmes, seulement 940 ont fait l’objet d’une enquête en tant que féminicide, soit moins de 30%.
Au-delà de l’inaction, l’Etat procède également à une invisibilisation de cette violence contre les femmes puisque le président aurait affirmé que les taux de féminicides diminueraient ces dernières années tout en étant incapable de donner le nom de victime de féminicide.
C’est dans ce cadre, que le 2 septembre 2020 des mères de victimes de féminicides se sont attachées à des chaises et refusé de sortir de la CNDH tant qu’elles n’auraient pas été entendues. Le 3 septembre, le collectif féministe Ni Una Menos leur apporte son soutien et investit le bâtiment de manière pacifique. Le 6 septembre, le bâtiment est renommé Casa de refugio Ni Una Menos ou Casa Okupa et est, comme son nom l’indique, transformé en endroit de refuge pour toutes les femmes.
À partir de ce moment, la résistance s’organise et plusieurs collectifs rejoignent le mouvement tel que le Bloque Negro ou las Crianzas feministas. Certaines femmes font des dons d’argent et de nourriture, d’autres font des rondes pour surveiller et sécuriser le bâtiment. Une véritable société matriarcale y est donc construite, société qui continue à se développer aujourd’hui.
De plus, elles s’accaparent les lieux de manière artistique en recouvrant les murs de messages féministes, de fresques et en détournant les tableaux présents sur place. Parmi ces tableaux récupérés et modifiés, il y a celui de Madero peint par José Manuel Núñez.
Cette photo, postée le 6 septembre 2020 a une symbolique très forte. On y voit sur la gauche une femme, semblant faire partie du Bloque Negro, qui est assise sur un fauteuil imposant. Elle se tient droite avec les bras sur les accoudoirs et les jambes écartées, posture que l’on pourrait associer au mansplaining et qui lui donne un air forte et puissante
À droite de la photographie, se trouve le tableau de Madero qui a été repeint et détourné.
Tout d’abord Madero, a été féminisé comme en attestent ses lèvres rouges, le fard à paupières vert et rouge, le nœud dans ses cheveux et les petites fleurs violettes sur son costume. On lui a également ajouté des cheveux, de couleur violette qui est la couleur des mouvements féministes.
On peut également voir l’acronyme ACAB signifiant All the cops are Bastard peint sur le front de Madero, probablement avec le pot de peinture et le pinceau apparaissant au premier plan. Cet acronyme dénonce en terme général le rejet des forces de l’ordre, ici il dénonce plus spécifiquement la corruption des forces de l’ordre et son inefficacité dans le contexte incessant des féminicides.
Sur la gauche du tableau, il y a le hashtag Aliade peint de couleur violette, terme désignant les hommes qui soutiennent les féministes pour dissimuler leur propre machisme ou par intérêt.
Cette photo est très intéressante car on y voit une réelle réappropriation et un détournement de toute la symbolique autour du pouvoir. En effet, Madero est le héro de la Révolution Mexicaine (1910-1920) et est porté au pouvoir par les classes populaires ce qui fait de lui le symbole du changement sociétal mexicain. Les femmes occupant la CNDH ont donc repris ce tableau qui représente un élément fondateur de l’histoire du Mexique et l’ont détourné en le féminisant afin de montrer que le prochain changement sociétal sera mené par les femmes et pour les femmes.
Cette photo provoqua de nombreuses réactions, notamment du président Andrés Manuel López Obrador qui critiqua fortement l’altération de l’œuvre vue comme une violence symbolique :
« El que afecta la imagen de Madero o no conoce la historia, lo hace de manera inconsistente o es un conservador, es un proporfirista »
L’auteur du tableau eut également un avis négatif sur la réappropriation de son œuvre. Il changea rapidement d’avis après avoir entendu le témoignage d’Erika Martinez dont la fille de dix ans a peint les lèvres rouges et les fleurs sur le tableau représentant Madero. Elle dénonce le fait que l’opinion publique qu’une œuvre d’art soit abimée que par les féminicides et les violences systématiques commises contre les femmes au Mexique. En effet, sa fille a été abusée sexuellement par son beau père alors qu’elle avait sept ans et depuis rien n’a été fait par la justice. La dénonciation hégémonique émise contre l’altération d’une œuvre d’art considéré comme une violence symbolique parait alors moindre lorsque l’on remet les choses en perspectives.
Le travail d’Andrea Murcia est donc pleinement militant puisqu’il permet de visibiliser les luttes féministes, de leur donner une voix tout en interpellant le spectateur sur ce qui est acceptable ou non. De plus, la diffusion via Instagram permet de donner à son travail une portée mondiale et ainsi de rendre d’autant plus visibles ces luttes.
Ce billet est très intéressant d’un point de vue historique et artiviste, car à travers l’événement de la prise de contrôle du CDNH nous marquons dans l’histoire du Mexique un événement historique réalisé par la lutte féministe, ce qui nous fait réaliser que les luttes féministes ont fonctionné car à la fin nous voyons que l’histoire commence à être écrite à partir des voix et des perspectives des femmes qui ont été historiquement ignorées ou méconnues. ANous pouvons voir combien il est important d’articuler la lutte féministe avec l’art, puisque l’art, tout au long de l’histoire de l’humanité, a été un outil pour parler et dépeindre la réalité sociale de différentes périodes historiques, ainsi qu’un outil pour créer et détruire les normes sociales de la beauté, de l’éthique, de la hiérarchie, du bien et du mal, ainsi, le fait que les collectifs féministes commencent à participer à cette façon de dépeindre les réalités donne aux voix des femmes une place dans l’histoire, une place où nous pouvons créer et détruire les ordres et les normes sociales, une place où nous pouvons participer à la décision collective sur le type de société que nous voulons dans le futur, une place où les voix des femmes sont entendues et valorisées, un lieu où des œuvres telles que celles de la photographe Andrea Murcia sont respectées et valorisées afin que des réalités telles que le féminicide, le viol, l’écart de rémunération entre les sexes, l’homophobie et d’autres questions puissent être discutées de manière plus ouverte et que la voix des femmes et de tous les sujets historiquement marginalisés soit prise en compte.
Je voudrais juste ajouter une observation concernant la façon dont le post est présenté et qui est qu’il y a des parties de texte qui sont répétées dans la partie de la photo du CDNH, à part cela le post est très bien fait et de belles photos et un contenu très intéressant.
Chère Louise,
J’ai trouvé ton article vraiment très complet et intéressant. Je ne connaissais pas l’œuvre photographique d’Andrea Murcia, et je suis passé à côté de quelque chose !
A travers son travail et le tien, j’ai découvert une nouvelle manière de couvrir la lutte contre les féminicides au Mexique. Dans mon article, je parlais de la « Canción sin Miedo » de Mon Laferte et de Vivir Quintana qui rendait hommage aux centaines de femmes victimes de féminicides au Mexique.
A travers le travail de Andrea Murcia, une chose me saute aux yeux : le support est différent mais le combat est le même. L’art au service des femmes et de leurs luttes, l’art au service du droit à la vie des femmes, l’art au service de la colère des mères, des sœurs et des amies endeuillées.
Dans un pays aussi touché par les féminicides que le Mexique, la couverture d’événements et le travail de terrain que réalise la photographe, comme par exemple ses clichés de la prise de la CNDH en septembre 2020, permet de donner une voix et un visage aux militantes féministes mexicaines.
La photographie, où l’on voit le portrait de Madero féminisé, a choqué et a questionné la population mexicaine. N’est ce pas là le rôle de l’artiste militante ? Choquer et visibiliser par la même occasion des luttes, des histoires de vie et la colère des femmes mexicaines.
Plus que l’esthétisme de ces photographies, ce travail engagé s’avère être essentiel dans la diffusion des idées féministes au Mexique. Et ceci, notamment, grâce à la portée qu’offrent réseaux sociaux qui, que ce soit pour la « Canción sin Miedo » ou pour les photos d’Andrea Murcia, jouent un rôle novateur très important dans la diffusion massive et rapide de l’artivisme latino-américain.
J’ai été très intéressé par ton article Louise. Non seulement parce qu’il fait écho au sujet que j’ai traité mais aussi par intérêt personnel. Andrea Murcia – comme Cristina Chiquin – se servent de la photographie pour raconter des histoires, et surtout raconter les histoires, donner une voix aux personnes qui n’en ont pas. Mais Andrea Murcia me paraît plus engagée, et c’est en partie cela qui rend son travail pertinent. Si Chiquin se sert de ses photographies pour raconter des histoires, Murcia s’empare de ses photos pour rendre visible et combattre les injustices que ces clichés dénoncent.
En l’occurrence, l’enjeu des féminicides est très sensible au Mexique, comme tu l’expliques très bien. L’inaction et surtout l’invisibilisation du phénomène a poussé de nombreuses mères de victimes à occuper la CNDH. La description et surtout l’analyse que tu fais de la photographie avec le portrait de Madero m’a beaucoup intéressé ; en particulier l’idée que tu développes autour de l’appropriation du lieu par ces femmes. La symbolique est très forte. Il transparait de cette femme assise dans le fauteuil une posture affirmée, puissante. La photographie est ici très évocatrice.
Une de tes réflexions m’a fait sourire, lorsque tu expliques que des associations féministes rejoignent ces femmes pour les soutenir, leur apporter de la nourriture, allant jusqu’à s’organiser pour monter la garde autour du bâtiment. Cela m’a rappelé les occupations d’universités que j’ai pu vivre en tant qu’étudiant, et tous les souvenirs que je garde de cette période. Je trouve cela très fort parce que cela nous permet de nous identifier à ces femmes, de les comprendre et surtout de nous soucier de leur réussite.
Une autre de tes idées m’a beaucoup parlé. Elle concerne le portrait de Madero. Ces femmes montrent que les luttes d’aujourd’hui – qu’elles défendent – s’inscrivent dans l’histoire mexicaine et succèdent aux luttes et combats portés par le passé. Cela permet aussi à ces activistes de légitimer leur combat. Se référer au passé, à l’histoire découle toujours d’une démarche, d’une quête de légitimité.
Je trouve que ton idée la plus intéressante porte sur la visibilité médiatique de ces images. Tu l’as démontré : elles ont une puissance évocatrice. Elles interpellent les spectateurs (c’est le but recherché d’ailleurs). Quitte à les choquer pour les faire réfléchir. Tu as indiqué également que ces photographies avaient été posté sur le compte Instagram de Murcia et qu’elles avaient été le contenu le plus vu de l’artiste. Dès lors, cela pose la question de l’importance des réseaux sociaux aujourd’hui. L’émergence de ces plateformes a permis à une grande partie de leurs utilisateurs à pouvoir s’exprimer sans contrainte ; ce qui n’était pas forcément le cas par le passé. Cette caisse de résonnance permet aussi de rendre visible dans le monde entier, dans l’instantanéité n’importe quel évènement. Et si tout le monde peut s’exprimer sur ces réseaux sociaux et avoir accès à tous les contenus et découvrir différentes réalités, cette affluence n’est-elle pas la limite de l’exercice ? Si tout le monde peut parler, comment se faire entendre et attirer l’attention ? Tu l’as toi-même fait remarquer : c’est le contenu le plus choquant de Murcia qui a été le plus vu, et qui a le plus fait parlé. Face à un public toujours plus nombreux, le risque pour les utilisateurs est peut-être d’être contraints de jouer le jeu de la surenchère et du sensationnel pour pouvoir exister, se faire entendre et diffuser ses idées. Le risque n’est-il pas de tomber dans le piège du buzz permanent ?
Ton article m’a appris beaucoup de choses Anaïs. Je t’en remercie d’ailleurs ! Jusque-là, je pensais que l’enjeu majeur qui concernait les Hispano-américains était la langue, et surtout son usage. Mais tu m’as appris que l’enjeu de la couleur de peau ne concernait pas uniquement les Afro-américains mais aussi les Latino-Américains. C’est autour de cette idée que se structure l’œuvre de Linda Vellejo. Elle « mexicanise » de nombreuses icônes de la culture populaire américaine. Le parti pris est intéressant. Tu as démontré qu’il s’inscrivait dans la culture chicana, culture des Américains d’origine mexicaine.
A l’origine péjorative, ce mot a été réapproprié par les Hispano-américains pour remettre en cause la hiérarchie raciale ayant cours aux Etats-Unis. D’une insulte, ce mot est devenu une sorte d’étendard que les Hispano-américains brandissent avec fierté et ils s’en réclament.
La culture chicana s’empare, investit toutes les formes d’art pour exprimer la fierté d’appartenir à une culture faisant la jonction entre les cultures mexicaines et américaines. C’est justement de ce mélange dont les Hispano-américains tirent leur fierté. C’est donc un art militant. D’autant plus militant qu’il peut aussi s’adresser aux enfants.
Tu l’illustres très bien avec une photographie qui m’a fait sourire : Mickey et Minnie qui deviennent Miguel et Maria. Vellejo veut questionner les notions de citoyenneté et de nationalité avec ses œuvres.
Il y a une expression que tu utilises et que je trouve très pertinente : le « recyclage iconographique ». Tu retranscris très bien le message que l’artiste cherche à faire passer, et surtout son argument que je trouve le plus fort : celui de la reconnaissance. Tu en parles en t’appuyant sur des photographies ou Vellejo présente Jennifer Lawrence et Eddie Redmayne en acteurs hispaniques. Elle change leurs noms et leur couleur de peau. Le contexte de création de ses deux œuvres s’inscrit dans le contexte de protestation contre le manque de diversité aux Oscars. Tu expliques très bien que la représentation n’est pas l’enjeu le plus important mais bien la reconnaissance des Hispaniques. Il ne s’agit plus d’être vu, mais aussi d’être reconnu, estimé.
Tu conclues avec une idée que je trouve très pertinente. L’œuvre de Vellejo est volontairement provocante car l’artiste cherche à susciter le débat autour de toutes ces questions. Peut-être que le risque avec cette démarche est d’avoir besoin d’une provocation, de faire parler pour susciter le débat, et que ce dernier ne serait désormais possible qu’en ayant recours au buzz. Dès lors se pose la question suivante : débat-on avec sa raison ou ses émotions ?