Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

Catégorie : Éditions cartoneras (Page 1 of 2)

La Cartonera, entre production artistique et action communautaire

Apparue à Buenos Aires en 2003, les éditions cartoneras se sont développés en réponse à la crise économique argentine et au manque de matière première pour l’élaboration des livres. On considère Eloísa Cartonera comme la première maison d’édition de ce type. Ce modèle d’éditions s’est rapidement répandu dans toute l’Amérique Latine et dans d’autres  pays à travers le monde comme le Mozambique, l’Espagne et la Finlande.

La première maison mexicaine cartonera «La Cartonera » est apparue sur scène en 2008. Cette maison d’édition indépendante à but non lucratif est basée à Cuernavaca, à 80 km au sud de Mexico. Cette maison cartonera a publié plus de 60 titres, par 170 auteurs, dans 7 langues, et a fabriqué plus de 10 000 livres fait main. Ses fondateurs sont Nayeli Sánchez et Dany Hurpin. L’édition cartonera « La Cartonera » a pris de l’ampleur depuis 2008, et on compte aujourd’hui une trentaine d’éditeurs de ce type à travers le pays. Les années précédant sa fondation, le Mexique s’est retrouvé submergé par l’éruption de maison cartonera.

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Cartonera EquiZZero : une éditoriale indépendante au Salvador

Le contexte  de fondation de EquiZZero

EquiZZero est une éditoriale cartonera en ligne basée à San Salvador (El Salvador), créée en 2010, sous la présidence de Mauricio Funes. Il fut le 1er président élu appartenant au parti Farabundo Marti de Liberacion Nacional (FMLN) depuis la fin de la guerre civile en 1992. Le FMLN était la guérilla opposée au gouvernement Salvadorien entre 1980 et 1992. Tous les présidents entre 1992 et 2009 étaient issus de l’ARENA, le parti de la droite conservatrice, lié au gouvernement durant la guerre civile. De fait, la création de cette cartonera se fait dans une période de changement politique. Mauricio Funes est lui-même un ancien journaliste réputé au Salvador, ce qui a pu permettre un certain espoir dans la liberté d’expression salvadorienne.

GIS Research and Map Collection
Carte du Salvador

La décennie 2010, au Salvador, est marquée par les violences liées à la criminalité organisée et aux réponses violentes apportées par l’Etat afin d’y mettre un terme ; le pays a l’un des taux d’homicides parmi les plus élevés au monde. A cela s’ajoute des problèmes socio-économiques ayant pour conséquences de pousser une partie des Salvadoriens à émigrer.  De plus, l’alternance politique qui débuta avec l’élection de Funes ne permit pas de résoudre les problèmes nationaux tandis que les affaires de corruption et la gestion de la politique anticriminalité reste critiquée et inefficace. Sous le mandat de Mauricio Funes fut mis en place une nouvelle politique vis-à-vis des pandillas, la « Tregua ». Cette trêve entre l’Etat et les gangs étaient et restent mal perçue, malgré sa fin en 2016. Les échecs politiques, sociaux et économiques ont engendré un désenchantement vis-à-vis du système politique en vigueur depuis 1992.

En outre, il convient de replacer El Salvador dans son contexte régional. Situé dans le Triangle Nord de l’Amérique Centrale, ce pays ainsi que ces voisins centraméricains restent marginalisés, que ce soit politiquement ou culturellement. A l’inverse, la couverture médiatique extérieure de cette région se centre principalement sur les problèmes de sécurité et de migrations, sans toutefois s’interroger sur les causes et les dynamiques de sociétés.

Il peut sembler intéressant de voir cette initiative éditoriale centrée sur les auteurs Centraméricains, comme une tentative d’émancipation et de mise en valeur de leur littérature, vis-à-vis du Mexique, influent culturellement.

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La Santa Muerte Cartonera : une maison d’édition rebelle et marginale

La délinquance et le terrorisme comme forme d’écriture littéraire

La Santa Muerte Cartonera, ville de Mexico, 2008-2010.

La maison d’édition Santa Muerte Cartonera a été fondée dans la ville de Mexico en 2008 par deux poètes : le chilien Héctor Hernández Montecinos et le mexicain Yaxkin Melchy.

C’est la deuxième Cartonera à voir le jour au Mexique après la Cartonera de Cuernavaca née la même année dans un contexte de conservatisme politique et d’explosion des maisons d’édition Cartonera dans le pays. Le pays compte aujourd’hui près d’une trentaine de Cartoneras. Elle fait ainsi partie de la première « génération » de cartoneras mexicaines et a inspiré les cartoneras mexicaines de la seconde génération notamment les Cartonera Kodama, Cohuiná, Tegus et Orquestra Eléctrica.

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La Santa Muerte Cartonera, ville de Mexico, 2008-2010.

La maison d’édition Santa Muerte Cartonera a été fondée dans la ville de Mexico en 2008 par deux poètes : le chilien Héctor Hernández Montecinos et le mexicain Yaxkin Melchy.

C’est la deuxième Cartonera à voir le jour au Mexique après la Cartonera de Cuernavaca née la même année dans un contexte de conservatisme politique et d’explosion des maisons d’édition Cartonera dans le pays. Le pays compte aujourd’hui près d’une trentaine de Cartoneras. Elle fait ainsi partie de la première « génération » de cartoneras mexicaines et a inspiré les cartoneras mexicaines de la seconde génération notamment les Cartonera Kodama, Cohuiná, Tegus et Orquestra Eléctrica.

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AMAPOLA CARTONERA, une réponse culturelle alternative à l’hégémonie éditoriale

ATELIER CLUB DE ABUELOS LOS CONQUISTADORES

Naissance du projet d’édition :
Eloísa Cartonera

Collectif Amapola Cartonera à Bogotá

L’origine d’Amapola Cartonera -Mars 2012-

(1:14-1:37)    
« Amapola Cartonera émerge en raison d’une bourse de résidence que j’ai obtenue l’année dernière pour assister au MDE11, octroyée par l’Institut de District des Arts –IDARTES-. J’y ai participé, à Medellin, avec le projet Eloisa Cartonera d’Argentine qui est comme la mère des maisons d’édition cartoneras. »

(4:05-4:28)
« Une maison d’édition cartonera est un projet auto-entretenu lequel travaille avec la communauté, dans la mesure des ressources, sur la production des couvertures de livres. Dans ce cas par exemple, nous travaillons avec les étudiants des arts plastiques de la Maison de la Culture. »

Devise social d’Amapola Cartonera et moyen d’impression -Septembre 2012-

(16:48-18:29)
« Amapola Cartonera émerge à partir d’une résidence artistique que j’ai réalisée à Medellin l’année dernière lors du MDE11 où nous avons eu l’opportunité de rencontrer Eloisa Cartonera et de travailler avec eux, établir un jumelage avec tout ce mouvement des cartoneras latino-américaines. Et en gros, ce qu’une maison d’édition cartonera cherche à faire c’est éditer des livres alternatifs dont les couvertures sont faites en carton recyclé, -possiblement par les récupérateurs de déchets, la plupart du temps-, et dans ce but en tant qu’une maison d’édition alternative, pouvoir publier des nouveaux écrivains. Nous nous intéressons beaucoup par la publication de nouveaux écrivains, des créations des ateliers littéraires des bibliothèques et des universités, des gens consacrés à des travaux littéraires mais qui n’ont pas pu publier chez les maisons d’édition traditionnelles, celles dans le marché. De cette manière nous cherchons à produire des livres dont la couverture est en carton : la couverture est unique, nous imprimons en système offset qui est le plus courant pour l’impression des livres. Nous avons le matériel nécessaire pour imprimer en offset, de cette façon nous rendons les livres plus abordables au public et nous proposons un format de livre alternatif, différent au livre que nous connaissons traditionnellement. »

Cartonera Cartongrafías : L’Art et la Mémoire : un chemin pour la paix et la guérison

Source : Page Facebook Cartongrafias

Le devoir de mémoire ou  travail de mémoire d’une guerre, d’un conflit armé, de la colonisation, est un processus qui semble inhérent à la reconstruction de la paix, d’un pays et de son Histoire, mais aussi et notamment de  ses victimes. Diverses approches et initiatives permettent ce travail de mémoire qu’elles soient  officielles ou non.

Bien que cet acte soit parfois controversé, car accusé d’être instrumentalisé par les politiques, il paraîtrait  être une étape primordiale dans la quête de la vérité, de  la reconnaissance des faits, de la reconstruction des victimes et de l’Histoire, ainsi que dans la construction de la paix, en évitant une répétition des faits.

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La Rueda Cartonera : une alternative éditoriale à contre-courant

Chaque fin d’année dans la seconde plus grande ville du Mexique a lieu la Feria Internationale du Livre de Guadalajara (FIL). Organisé depuis 34 ans par l’Université de Guadalajara, cet évènement est le plus grand regroupement du monde éditorial latino-américain. Si elle prend la forme d’un festival culturel, la FIL est également un lieu de rencontre d’affaires pour l’industrie du livre, qui réunit des professionnels du monde entier.

Parallèlement, dans cette grande ville aux nombreux centres d’attraction culturels, s’est développé un mouvement éditorial à contre-courant des circuits classiques et officiels. La Rueda Cartonera est l’une des premières maisons d’édition Cartoneras de Guadalajara. Elle fut créée six ans après l’installation du premier éditeur cartonero sur le continent, Eloisa Cartonera en Argentine (2003).  

La Rueda Cartonera est créée dans un contexte d’explosion des Cartoneras en Amérique latine. Ces dernières se développent dans un premier temps dans les pays d’Amérique du Sud (Sarita Cartonera au Pérou, Animita Cartonera au Chili, Mangragora Cartonera en Bolivie…), puis se multiplient au Mexique. Désormais, avec le Paraguay et l’Argentine, le Mexique est le pays où il existe le plus grand nombre de Cartoneras.

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La Propia: une cartonera indépendante et autogérée en Uruguay

La Propia Cartonera a été la première et une des seules maisons d’édition Cartoneras en Uruguay. Créé dans le quartier de Nuevo Paris à Montévidéo en 2009, par un groupe de jeunes entrepreneurs, dont le poète uruguayen Diego Recoba, auteur et co-fondateur de La Propia, l’écrivain, également éditeur et journaliste culturel. 

Inspirées d’Eloisa Cartonera en tant que modèle de coopérative argentin. Née en 2003 dans la période de la crise de 2002, ces créations s’inscrivent dans la réalité de la précarité économique qui les a amenés à développer cette alternative au commerce du livre.  Au travers de la récupération du matériel constitué essentiellement de cartons, la coopérative Eloisa Cartonera aurait commencé à produire des livres et se serait développé en tant que maison d’édition. Ce modèle pionnier de l’édition Cartonera, étant caractérisée par une logique de coopérativisme et de collectivité, a été répandu dans de nombreux pays de l’Amérique latine, comme c’est le cas de l’Uruguay, un pays qui s’est vu fortement influencé par la situation économique de l’Argentine. 

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La Maestra Cartonera : école publique et espace de créativité

La Maestra Cartonera est un projet qui naît à Bogotá, capitale de la Colombie, le 1er janvier 2010. Cette maison d’édition cartonera est l’initiative de l’enseignante du collège Policarpa Salavarrieta Paola Andrea Flórez. Sa devise est : “La escuela pública como espacio de criatividades” (l’école publique comme espace de créativité – traduction libre). Il s’agit en effet d’inviter les élèves dans le monde du livre à travers les procédés artisanaux de la reliure, l’illustration, l’écriture, la fabrication de papier et d’autres aspects de la vie des livres.

Fabrication artisanale de papier

Le collège Policarpa accueille de nombreux.ses élèves provennant de familles défavorisées dans lesquelles la lecture n’est pas une habitude récréative. Lire est en effet  un goût, une habitude liée à la classes sociales. Il faut d’ailleurs rappeler que le salaire moyen, en Colombie, est de 290€ (soit environ 1 115 000 COP). Or, le prix moyen d’un livre neuf est d’environ 10€ (soit environ 40 000 COP) : c’est un produit cher. 

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L’accès à la lecture par et pour tous : Magnolia Cartonera

Daniele Carneiro et Juliano Rocha  donnent naissance à l’editora Magnolia Cartonera en 2014 à Curitiba – Brésil. Fruit d’un projet de long-terme, les deux artistes travaillent depuis 2012  pour favoriser l’accès à la lecture pour tous. Tout commence avec la création d’une bibliothèque communautaire, libre et indépendante dans la zone rurale de Morretes, Etat de Paraná au Brésil. Une bibliothèque communautaire, c’est un espace de lecture, d’apprentissage, qui a surgi à l’initiative de la communauté et qui est géré par elle. En d’autres mots, la bibliothèque est créée par et pour la communauté, dans le but de permettre un accès à la culture, la littérature, les arts, là où cet accès n’existait pas ou peu.

source: bibliotecas do brasil
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Sarita Cartonera : la révolution éditoriale à Lima est « chusca »

Nada de lo que me digan me va a alejar de la calle, sé encontrar la esperanza en las calles, entre los borrachos y las putas, sin irme mas allà buscando el cielo…

Collectif, Manifeste de Sarita Cartonera
Murales représentant Santa Sarita Colonia à Milan, réalisé par les street-artists Hadok e Sef.01.

Remarquable exemple de conciliation entre revalorisation de la culture populaire urbaine, positionnement politique anti-autoritariste et négociation avec les espaces culturels institutionnels, Sarita Cartonera est la première maison d’édition cartonera péruvienne et la deuxième à être fondée, après Eloisa Cartonera.

Elle est née à Lima en 2004, fondée par Milagros Saldarriaga et Tania Silva, deux jeunes diplômées de la faculté de littérature de l’Université San Marcos. Un an avant, Milagros Saldarriaga rentre dans une librairie à Santiago de Chile et découvre un des livres de carton d’Eloisa Cartonera, fondée en 2001 à Buenos Aires. Touchée par l’initiative d’Eloisa Cartonera, elle ramène l’idée à Lima, où elle fonde Sarita Cartonera avec l’aide d’autres diplômés en littérature.

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