Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

Catégorie : Éditions cartoneras (Page 2 of 2)

Dadaif Cartonera, espace de résistance et de liberté

Les cartoneras en Équateur

Les cartoneras sont, depuis 2003, un véritable acte de résistance social, et c’est un nouvel espace ou la littérature et les arts graphiques peuvent se propager.  Les cartoneras sont très présentes lors d’exposition d’art, de concert et dans les centres d’études alternatifs et cela ouvre de nouvel espace de diffusion de la littérature contemporaine.

L’initiative cartonera est née avec Eloisa Cartonera en Argentine, avec sa volonté de diffuser la culture dans tout les espaces. En Équateur, ce mouvement arrive en 2004 lorsque Victor Vivos revient du Pérou après avoir découvert l’initiative de Sarita Cartonera à Lima. Il va fondé Matapalo Cartonera à Riobamba au Sud de Quito. Elle a été la première cartonera que le territoire et elle est vue comme une des pionnières en Équateur. Ensuite on retrouve la cartonera Murciélago Kartonera à Quito qui est la seule de la capitale, et qui est considérée comme une des cartoneras les plus importante en Équateur. On retrouve ensuite des cartoneras à Guayaquil comme Dadaif et Camareta, puis à Cuenca avec Ninacuro.

Continue reading

Canita Cartonera, une maison d’édition « 99,9% carcelaría »

Canita Cartonera est une maison d’édition cartonera chilienne qui a vu le jour en 2009, dans la région de Tarapacá, dans le nord du pays.  Ce projet naît de la relation artistique qui unit le Chili et la Bolivie ainsi que de l’influence du projet bolivien mARTadero qui prône l’innovation, la diffusion, la recherche artistique et l’interculturalité. D’autres maisons d’éditions cartoneras, notamment la bolivienne Yerba Mala Cartonera avec qui La Canita est très liée, ont soutenu sa création. Le poète chilien Juan Malebrán Peña (qui fut le premier directeur de ce projet de 2010 à 2013) participe activement au projet mARTadero et est membre du collectif latino américain La Ubre Amarge dont le but est de diffuser et d’échanger autour de la poésie du continent; la maison cartonera Yerba Mala Cartonera l’a publié plusieurs fois. L’engagement de l’artiste a ainsi permis au projet d’acquérir une certaine légitimité aux yeux de tous. 

Continue reading

Amapola Cartonera : la valorisation des discours d’enfants

Immortaliser le conflit pour que jamais il ne se reproduise : voilà la principale vocation de la mémoire collective que construisent les colombiens aujourd’hui.

Durant plus de 50 ans, suite aux conflits sociaux engendrés par les échecs des réformes agraires, la Colombie a fait face à un conflit armé dont ont souffert des millions de victimes. Les guérilleros comme les FARC et l’ELN, les narcotrafiquants, et les paramilitaires ont fait partie du paysage politique et médiatique tout au long du conflit, engendrant de nombreux déplacements forcés, et un nombre incroyable de morts. Le constat est effroyable, laissant durant cinq décennies l’Etat colombien dans une grande impuissance, devant faire face à ses dysfonctionnements qui ont empêché de protéger les populations civiles. En 2016, le pays est mieux disposé à négocier notamment grâce à une nouvelle Constitution écrite en 1991, et grâce à la population qui décide de reprendre du pouvoir sur cette situation ne voulant plus être au centre d’un conflit qui n’est pas le sien. Les Accords de Paix sont donc signés en 2016 entre l’Etat et les FARC qui sont les principaux guérilleros du conflit.

Continue reading

Production littéraire en langue nahuatl par La Cartonera Cuernavaca

Production littéraire en langue nahuatl par La Cartonera Cuernavaca

Livre cartonero bilingue nahuatl-espagnol, Kosamalotlahtol, Source: Page Facebook, La Cartonera Editorial en Cuernavaca

Le mouvement cartonero au Mexique

Le mouvement cartonero au Mexique a été inauguré en 2008, d’abord avec l’apparition de la Cartonera de Cuernavaca, puis peu après avec Santa Muerte à Mexico. Les deux projets ont été inspirés par Sarita du Pérou, en particulier La Cartonera, et c’est de cette référence qu’est née l’idée de créer une maison d’édition cartonera au Mexique.

La maison d’édition Santa Muerte a été créée à partir de l’expérience de Héctor Hernández Montecinos avec les tendances poétiques les plus récentes en Amérique latine et des expériences de reliure de Yaxkin Melchy dans le cadre du projet La Red de los poetas salvajes  (Réseau des poètes sauvages)

Viennent ensuite les cartoneras mexicaines de la génération suivante, parmi lesquelles La Verdura, La Regia, La Rueda, La Ratona, Iguanazul, entre autres. Beaucoup de ces nouveaux éditeurs ont demandé conseil à La Cartonera Cuernavaca;  tandis que les projets inspirés par les travaux de Melchy à Santa Muerte et La Red de los poetas salvajes  ont conduit à l’apparition de cartoneras tels que Kodama, Cohuiná, Tegus et Orquesta Eléctrica.

Continue reading

Mamá Dolores Cartonera, une alternative à Querétaro pour les auteurs locaux

Image de couverture du compte Facebook de Mamá Dolores Cartonera

A Querétaro, ville patrimoniale qui mise sur la culture et les arts pour son dynamisme et sa renommée, une maison d’édition cartonera ne pouvait manquer. Surfant sur la vague de création d’éditions cartoneras qui débute en 2008 au Mexique avec La Cartonera, Cuernavaca, Diana Diego et Elizabeth Acosta fondent Mamá Dolores Cartonera (MDC) en 2010. Une pluie d’idées et le nom de Mamá Dolores est choisi pour la sensation maternelle qu’il dégage.

En effet, “Qui n’aimerait pas que sa maman lui dise : je publie ton livre.” confie Diana Diego dans un article de 2012 pour le journal l’Universal Querétaro [1].

Et pour donner plus de corps et de mots à cette figure, les fondatrices invitent des auteurs régionaux à imaginer cette Mama et envoyer leurs textes, recueillis dans ¡Queremos tanto a Mamá Lolita!, premier ouvrage du groupe éditorial publié en 2012.
Les deux jeunes femmes se connaissent lors d’un atelier de création littéraire [2] dispensé par le poète José Manuel Velasco à l’antenne queretana de l’Université Technologique de Monterrey. Continue reading

Sarita Cartonera, « ma foi au-delà de ma propre foi »

La maison d’édition alternative péruvienne Sarita Cartonera, propose des ateliers et programmes très particuliers qui touchent aux secteurs plus jeunes pour les sensibiliser et les approcher  à la culture, à l’art,  à l’écologie et à la littérature. Sarita Cartonera travaille avec les institutions publiques qui lui permettent une meilleure visibilité et un financement économique pour atteindre un but en commun : la démocratisation de la littérature et de la culture. Continue reading

CIENEGUITA CARTONERA L’engagement collectif au service des mots

« Somos mujeres comunes con responsabilidades excepcionales »

« Nous sommes des femmes normales avec des responsabilités exceptionnelles »

En juin 2011 à Las Heras, le projet Cieneguita Cartonera voit le jour à l’initiative d’un groupe de femmes (Gabi, Rosi, Patricia, Raquel, Stella, Silvia, Nancy, Raquel, María, Fabiana, Lucy, Andrea et Adriana) inspiré par le mouvement cartonero déjà largement présent dans le paysage latino-américain. Cette maison d’édition alternative autogérée se donne pour but de proposer de nouvelles formes de communication au travers de la publication de livres artisanaux au contenu engagé socialement. Le local de la maison d’édition se transforme donc en centre culturel qui voit fleurir de nombreux projets sociaux, culturels et politiques au travers d’une expérience collaborative.

Continue reading

Kodama cartonera – L’art des frontières

Kodama est la première maison d’édition cartonera fondée à Tijuana, en novembre 2010. Son nom désigne des esprits de la forêt dans la mythologie japonaise, qu’on retrouve notamment dans les films d’Hayao Miyazaki comme Princesse Monoke. C’est déjà un élément significatif d’ouverture sur le monde et sur les cultures. De plus, la culture japonaise, et notamment la part qui est liée aux animés et aux mangas, est très populaire chez les jeunes dans beaucoup de pays développés. Le fait de reprendre cette culture et de s’en servir par exemple pour illustrer certaines couvertures des œuvres qu’ils éditent participe d’une popularité possible au niveau international. Kodama Cartonera possède un blog tumblr, une page facebook et un compte twitter, ce qui montre aussi son intégration aux canaux de diffusion modernes, présents sur toute la planète, et là encore très populaires chez les jeunes.

Le lieu de fondation, Tijuana, est aussi un élément important, puisqu’il s’agit d’une ville frontière, d’une ville jumelle avec San Diego aux États-Unis. On comprend ainsi qu’une des clés pour analyser cette maison d’édition est la bonne compréhension du contexte social et économique de cette zone. Tijuana tout comme les autres villes frontières avec les États-Unis compte énormément de maquiladoras, ces usines appartenant à des firmes américaines, et qui emploient énormément de mexicains, en particulier des femmes, en les rémunérant très peu alors même que les conditions de travail sont extrêmement difficiles. Cette source d’emploi, même précaire, attire beaucoup d’immigrés notamment des régions rurales et montagneuses du Sud du pays. Les femmes subissent énormément de violences, notamment de la part de leurs employeurs mais pas uniquement. Les violences envers les femmes, pour le seul motif qu’elles soient femmes, sont tellement courantes qu’elles entraînent des milliers de mortes, et qu’on en vient à utiliser le terme féminicide pour qualifier le phénomène. Pour Kodama Cartonera, la lutte contre ces violences, la lutte féministe émancipatrice est très importante, et s’accompagne de manière logique d’une critique du capitalisme et du néo-libéralisme, à l’origine de la situation économique et sociale difficile.

Continue reading

Olga Cartonera ou la provocation comme positionnement

Logo de la maison d’édition « Olga Cartonera »

C’est en février 2012 que la bibliothécaire chilienne Olga Sotomayor décide de créer sa propre maison d’édition cartonera dans la ville de Santiago. Ce projet est né comme « un exercice égocentrique » de la part de Sotomayor, qui, voulant publier ses écrits dans une maison d’édition, décida de fonder une elle-même. Il ne s’agissait pas, toutefois, d’une maison d’édition traditionnel: en effet, pour créer sa propre maison d’édition, Sotomayor s’inspira des maisons d’éditions cartoneras latino-américaines, dont elle avait fait connaissance à travers un atelier littéraire auquel elle avait participé. Dans le premier billet de son blog, elle explique ainsi que fonder cette maison d’édition lui a permis de rallier sa passion pour la littérature avec sa passion pour la création des carnets en plus de lui donner des outils pour pouvoir mener à bien ce projet.

En 2013, Miguel Araya est devenu co-éditeur de la maison d’édition Olga Cartonera, mais cette alliance ne dura pas longtemps et en 2017 la maison d’édition est redevenu un projet unipersonnel. C’est également en 2013 que le premier ouvrage a été publié sous la licence de Creative Commons par cette maison d’édition cartonera. Il s’agissait de Susurros que gritan, un recueil de textes écrit par la propre Olga Sotomayor. Depuis, 23 autres livres ont été publié par Olga Cartonera, variant entre poésie, nouvelle, « micro-relato », « tuit-relato », nouvelles pour enfants, entre autres. Olga Cartonera a également participé dans trois co-éditions avec d’autres maisons d’éditions cartoneras comme Nordeste Cartonero (Brésil) ou encore La Rueda Cartonera (Mexique).

Continue reading

Newer posts »