La maison d’édition alternative péruvienne, Sarita Cartonera, propose des ateliers et programmes très particuliers qui touchent aux secteurs plus jeunes pour les sensibiliser et les approcher à la culture, à l’art, à l’écologie et à la littérature. Sarita Cartonera travaille avec les institutions publiques qui lui permettent une meilleure visibilité et un financement économique pour atteindre un but en commun : la démocratisation de la littérature et de la culture. Continue reading
Catégorie : Cartonera (Page 3 of 3)
Première maison d’édition cartonera du Paraguay
Yiyi Jambo est une coopérative d’édition alternative paraguayenne qui s’insère dans le mouvement des maisons d’édition cartoneras impulsé par Eloisa cartonera en 2003 à Buenos Aires, Argentine.
La maison d’édition paraguayenne a été créée en 2007 à la capitale Asunción, et fait partie de la première génération de cartoneras née à la suite d’Eloisa cartonera, aux côtés de six autres éditoriales latinoaméricaines : Animita, Dulcinéia, Sarita, Mandrágora, Yerba Mala, et Matapalo. Elle est également la première maison d’édition cartoneras du Paraguay.
Deux hommes sont à l’origine de cette initiative: Douglas Diegues, poète et peintre paraguayo-brésilien et Cristino Bogado, poète paraguayen. Il s’agit de deux figures de la scène littéraire et artistique paraguayenne, également reconnus au Brésil et en Argentine. Dans la réalisation de leur projet, ils ont été aidé par Javier Barilaro, un membre d’Eloisa cartonera.
« Somos mujeres comunes con responsabilidades excepcionales »
« Nous sommes des femmes normales avec des responsabilités exceptionnelles »
En juin 2011 à Las Heras, le projet Cieneguita Cartonera voit le jour à l’initiative d’un groupe de femmes (Gabi, Rosi, Patricia, Raquel, Stella, Silvia, Nancy, Raquel, María, Fabiana, Lucy, Andrea et Adriana) inspiré par le mouvement cartonero déjà largement présent dans le paysage latino-américain. Cette maison d’édition alternative autogérée se donne pour but de proposer de nouvelles formes de communication au travers de la publication de livres artisanaux au contenu engagé socialement. Le local de la maison d’édition se transforme donc en centre culturel qui voit fleurir de nombreux projets sociaux, culturels et politiques au travers d’une expérience collaborative.
Kodama est la première maison d’édition cartonera fondée à Tijuana, en novembre 2010. Son nom désigne des esprits de la forêt dans la mythologie japonaise, qu’on retrouve notamment dans les films d’Hayao Miyazaki comme Princesse Monoke. C’est déjà un élément significatif d’ouverture sur le monde et sur les cultures. De plus, la culture japonaise, et notamment la part qui est liée aux animés et aux mangas, est très populaire chez les jeunes dans beaucoup de pays développés. Le fait de reprendre cette culture et de s’en servir par exemple pour illustrer certaines couvertures des œuvres qu’ils éditent participe d’une popularité possible au niveau international. Kodama Cartonera possède un blog tumblr, une page facebook et un compte twitter, ce qui montre aussi son intégration aux canaux de diffusion modernes, présents sur toute la planète, et là encore très populaires chez les jeunes.
Le lieu de fondation, Tijuana, est aussi un élément important, puisqu’il s’agit d’une ville frontière, d’une ville jumelle avec San Diego aux États-Unis. On comprend ainsi qu’une des clés pour analyser cette maison d’édition est la bonne compréhension du contexte social et économique de cette zone. Tijuana tout comme les autres villes frontières avec les États-Unis compte énormément de maquiladoras, ces usines appartenant à des firmes américaines, et qui emploient énormément de mexicains, en particulier des femmes, en les rémunérant très peu alors même que les conditions de travail sont extrêmement difficiles. Cette source d’emploi, même précaire, attire beaucoup d’immigrés notamment des régions rurales et montagneuses du Sud du pays. Les femmes subissent énormément de violences, notamment de la part de leurs employeurs mais pas uniquement. Les violences envers les femmes, pour le seul motif qu’elles soient femmes, sont tellement courantes qu’elles entraînent des milliers de mortes, et qu’on en vient à utiliser le terme féminicide pour qualifier le phénomène. Pour Kodama Cartonera, la lutte contre ces violences, la lutte féministe émancipatrice est très importante, et s’accompagne de manière logique d’une critique du capitalisme et du néo-libéralisme, à l’origine de la situation économique et sociale difficile.
C’est en février 2012 que la bibliothécaire chilienne Olga Sotomayor décide de créer sa propre maison d’édition cartonera dans la ville de Santiago. Ce projet est né comme « un exercice égocentrique » de la part de Sotomayor, qui, voulant publier ses écrits dans une maison d’édition, décida de fonder une elle-même. Il ne s’agissait pas, toutefois, d’une maison d’édition traditionnel: en effet, pour créer sa propre maison d’édition, Sotomayor s’inspira des maisons d’éditions cartoneras latino-américaines, dont elle avait fait connaissance à travers un atelier littéraire auquel elle avait participé. Dans le premier billet de son blog, elle explique ainsi que fonder cette maison d’édition lui a permis de rallier sa passion pour la littérature avec sa passion pour la création des carnets en plus de lui donner des outils pour pouvoir mener à bien ce projet.
En 2013, Miguel Araya est devenu co-éditeur de la maison d’édition Olga Cartonera, mais cette alliance ne dura pas longtemps et en 2017 la maison d’édition est redevenu un projet unipersonnel. C’est également en 2013 que le premier ouvrage a été publié sous la licence de Creative Commons par cette maison d’édition cartonera. Il s’agissait de Susurros que gritan, un recueil de textes écrit par la propre Olga Sotomayor. Depuis, 23 autres livres ont été publié par Olga Cartonera, variant entre poésie, nouvelle, « micro-relato », « tuit-relato », nouvelles pour enfants, entre autres. Olga Cartonera a également participé dans trois co-éditions avec d’autres maisons d’éditions cartoneras comme Nordeste Cartonero (Brésil) ou encore La Rueda Cartonera (Mexique).
« La ratona construye moradas para las historias que otras mentes inventan con la imaginacion »
C’est en 2009, que Raúl Silva, éditeur et journaliste culturel, crée cette maison d’édition La Ratona Cartonera, s’alignant sur le principe d’une production de livres en carton telle que l’a initié Eloísa Cartonera. « La souris construit des palais pour les histoires que d’autres esprits inventent avec leur imagination ». Cette petite phrase imagée et métaphorique vient clore chaque ouvrage issu de cette production alternative telle une marque de fabrique, exprimant ce qui tient à cœur à La Ratona (dont le nom fait référence au conte de Kafka Joséphine cantatrice du peuple des souris): la poésie et les contes. Située dans la ville de Cuernavaca, capitale de l’état de Morelos, non loin de México, la maison d’édition a pour projet d’ensemble de promouvoir la littérature infraréaliste et d’établir un dialogue avec les populations indigènes au quatre coins du Mexique.
Amaru Cartonera est une maison d’édition cartonera péruvienne fondée par Johana Casafranca le 30 octobre 2013 dans le contexte du 4è festival de poésie de Lima. Maison d’édition itinérante, son nom signifie « serpent » en quechua. Elle publie surtout de la poésie ainsi que des textes politiques anarchistes et féministes. Ses livres sont libres de droit, parfois piratés. Ils prennent la forme de volumes reliés à la main ou d’accordéons de papier disséminés au gré du voyage. Conçus comme des œuvres d’art indépendantes, ils sont aux prémices d’une révolution, portée par les mots.
Extrait du Manifiesto Cartonero d’Amaru :
« Estamos construyendo algo nuevo. La revolución no será televisada.
¡Ármate de palabras! »
Traduction :
« Nous sommes en train de construire quelque chose de nouveau. La révolution ne sera pas télévisée.
Arme-toi de mots ! »
Cardboard House Press est une maison d’édition Cartonera implanté à Phénix dans l’Arizona, aux Etats-Unis. Il s’agit d’une organisation à but non lucratif consacrée au développement et à la création de médias et ayant pour but de réaliser des échanges culturels. Les rédacteurs souhaitent valoriser et diffuser la littérature en provenance d’Amérique latine mais aussi d’Espagne. Pour comprendre les raisons de cet intérêt, il faut se pencher sur la situation de l’Arizona. Il s’agit d’un Etat du Sud des Etats-Unis, qui possède une large frontière avec le Mexique. Cette frontière est un point de passage important pour les personnes qui souhaitent entrer sur le territoire étasunien. Elle est aussi au centre des conversations sur le mur de séparation entre le Mexique et les Etats-Unis, que souhaiterait construire le président Donald Trump. Mais l’Arizona n’est pas seulement un point de passage : une part importante de sa population est issue de cette immigration et il ne faut pas oublier non plus que ce territoire appartenait au Mexique jusqu’en 1848, date à laquelle les Etats-Unis sortent victorieux de la guerre américano-mexicaine (1846-1848). Pour toutes ces raisons, la langue espagnole est très présente en Arizona ; il s’agit du quatrième Etat où elle est la plus parlée.
Le projet de Fernanda Laguna, qui cofonde en 2003 aux côtés de Washington Cucurto et de Javier Barilano la première maison d’édition cartonera, est exemplaire de ce processus qui se développe à l’origine en marge des circuits commerciaux et académiques. Située aux antipodes de la logique néolibérale qui préside alors à la restructuration du champ littéraire argentin et en réaction à l’exclusivité des milieux académiques, Eloísa cartonera est la première coopérative autogérée sans but lucratif de fabrication artisanale d’objets littéraires élaborés à partir de textes cédés par les autrices et auteurs selon le principe du copy left (encore appelé « gauche d’auteur ») et dont la couverture est faite de carton, acheté aux cartoneros de Buenos Aires, lesquels participent également de la confection des ouvrages. Un concept qui s’est par la suite largement développé en Argentine, en Amérique Latine et jusqu’en France puisqu’on compte aujourd’hui environ 150 maisons d’édition de ce type dans le monde. Continue reading
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