Médias contre-hégémoniques: des éditions cartoneras à la cyberculture

Étiquette : Féminisme (Page 2 of 3)

Le mouvement féministe pour l’avortement légal Marea Verde à travers les photographies du Colectivo Manifiesto

Le contexte argentin et l’IVG

En Amérique latine, seul trois états autorisent l’avortement sans conditions. En Argentine, qui est un pays très catholique, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) n’était possible qu’en cas de danger pour la vie de la femme ou qu’en cas de viol et ce depuis 1921. Si l’IVG était pratiquée dans un autre cadre, le code pénal argentin punissait cet acte médical. Les femmes qui y avaient recours risquaient d’être emprisonnées pour une durée allant jusqu’à quatre ans. C’est dans ce contexte là que les avortements clandestins ont commencé à se rependre. On parle ici de pratiques bien plus risquées que l’IVG classique qui concernaient jusqu’à 500 000 femmes par an et conduisaient une grande partie d’entre elles à se faire hospitaliser ensuite. 

Marea Verde, c’est le nom qui a été donné à un ensemble d’énormes manifestations (d’où le nom “marée”) féministes qui ont eu lieu à Buenos Aires en 2018. Ce mouvement est associé à la campagne “Campana nacional por el derecho al aborto legal, seguro y gratuito” qui a débuté en 2015 et qui se démarque par sa couleur verte. Des centaines de milliers de femmes de tout âge se sont réunies dans les rues pour manifester et se rencontrer et par-dessus tout réclamer leur droit à l’avortement sans conditions et sans être pénalisées. On les entend crier en coeur “Ahora que estamos juntas y ahora que si nos ven…Abajo el patriarcado, se va a caer, se va a caer.”

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Linn Da Quebrada : la « terroriste du genre » qui met à mal le cis-tème patriarcal brésilien

Linn Da Quebrada's Visual Album Is Like 'Lemonade' for Brazil's Femmes

Source : https://remezcla.com/releases/music/linn-da-quebrada-pajuba-album/. Photo de Nu Abe

Comprendre la division binaire du masculin/féminin et ses termes pour pouvoir mieux y désobéir : telle est la ligne de conduite de la chanteuse funk/hip-hop et performeuse brésilienne.

Une artiste au-delà des canons binaires

Linn Da Quebrada, performeuse, actrice et chanteuse funk/hip-hop, s’inscrit comme dissidente du genre binaire à travers sa musique et ses performances. Née en 1990 dans la périphérie de São Paulo (Zona Leste), d’une mère célibataire et élevée par sa tante jusqu’à ses 12 ans dans un cadre très religieux, affiliée au courant des Témoins de Jéhovah, la chanteuse va rapidement se rendre compte que son identité dépasse les pôles du masculin et du féminin. Linn va découvrir l’expression de soi par la musique et la performance, va créer ses propres vérités, et se rapprocher de ce corps non-assujetti à cette dualité des corps. Déclarant elle-même que cette question n’est toujours pas réglée, c’est par l’expérimentation dans ses performances et de son propre corps que l’artiste se découvre pleinement. Dans une rencontre pour le magazine Têtu, Linn déclarera à ce sujet : « Mon expression artistique ne se réduit pas à être une chanteuse. Je chante parce que j’ai quelque chose à dire. Et je fais de mon corps et de mon existence une œuvre d’art. »

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Des mots teints en rose : la lutte féministe au pays où la polarisation économique, politique et sociale règne.

Dans un pays où la crise économique, la polarisation politique et les tabous sociaux règnent, la lutte féministe semble être en arrière-plan des priorités des Vénézuéliens. La Constitution de 1999 se démarquait en tant que cadre juridique ayant pour but de visibiliser, protéger et honorer les femmes et leur participation politique. Cependant, 20 ans plus tard, le Venezuela reste un pays où les problématiques dont l’accès restreint aux contraceptifs, l’IVG clandestine, la violence conjugale et le machisme sont à l’ordre du jour, quoique la législation dicte. Certes, diverses initiatives ont été créés et suivies par le gouvernement dans le cadre de l’idéologie de Hugo Chávez, « le président féministe » pendant que d’autres ont surgit à l’écart du régime, indépendantes de la scène politique. Mais, aujourd’hui…

La réalité du pays et de ses femmes sont-elles reflétées dans la production médiatique vénézuélienne disponible en ligne ?


Le spectre politique se répand-il dans le champ médiatique ?


Les cybermédia ayant une perspective de genre sont-ils soumis à la censure gouvernementale ?

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Vamos Mujer : féminisme, paix et mémoire à Medellin.

Vamos Mujer est un organisme féministe établi à Medellin, se battant pour la reconnaissance des femmes dans l’espace public et social Colombien. La mission principale de ce collectif est de promouvoir la solidarité, l’égalité ainsi que la justice, dans un contexte de conflit armé et de conflit urbain en Colombie, et plus particulièrement dans la région d’Antioquia et sa capitale, Medellin. Son objectif principal est de pouvoir donner aux femmes le droit d’avoir une vie digne, comme l’indique le slogan associé au nom de l’organisme “Vamos Mujer : por una vida digna”. Il s’agit de pouvoir offrir une vie saine et une reconnaissance sociale, loin des violences qui frappent la ville depuis si longtemps. 

Cet organisme a été créé en 1979, époque à laquelle il s’appelait “Corporación Maria Cano”, en hommage à Maria Cano (1887 – 1967), une habitante de Medellin qui fut la première femme à assurer un rôle de leader politique en Colombie. C’est en 1987 que le nom devient officiellement Vamos Mujer et que la société obtient le statut de personne juridique. Dans un contexte de conflit armé grandissant, il s’agit de lutter pour la reconnaissance des femmes dans une guerre où elles sont encore aujourd’hui trop souvent rendues invisibles et de faire de ces dernières des acteurs politiques actifs et pacifistes afin de combattre la terreur et la violence. 

Vamos Mujer est composé d’une équipe de femmes venant de divers milieux professionnels, faisant donc de son équipe un groupe pluridisciplinaire et intergénérationnel, visant à fournir le meilleur accompagnement possible aux femmes bénéficiant du suivi et de l’aide de l’organisme. Pour cela, treize femmes sont à la tête du collectif. Elles sont aidées par une équipe administrative ainsi qu’une équipe chargée de la communication et de la coordination des projets et travaux menés.

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Feminismo Xeneize : une chaîne YouTube pour visibiliser l’identité féministe du Boca Juniors.

Notre objet d’étude est la chaîne YouTube Feminismo Xeneize, canal numérique principal du collectif féministe du même nom,. Le collectif a été crée en février 2019 à Buenos Aires par des membres de différentes associations de supporteurs·ices du Club Atlético Boca Juniors (CABJ).

Depuis la création du collectif, de nombreuses actions ont été menées par les supportrices : cancionero de chants féministes en vue de la Coupe du Monde féminine de la FIFA de 2019, des actions féministes (25N et 8M au sein de cortèges supportrices), rédaction de protocoles de prévention des violences, cycles de conférences inter-collectifs pour ne citer que les plus marquantes.

Dès les premières actions du collectif, les réseaux sociaux mainstream ont été utilisés comme vecteurs de visibilité notamment par le biais des médias tels que Facebook et Instagram, qui permettent une inclusion au sein de la représentation des supporteurs·ices.

Capture d’écran de la page d’accueil de la chaîne YouTube Feminismo Xeneize.

B a s t a r d i l l a : la street artiste qui envahit le monde de fresques féministes

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source: http://www.bastardilla.org/hogardepapel/*lxssnm

En Colombie, le street art explose dans les années 2000 envahissant les rues de couleurs, cet art est souvent un outil de dénonciation du système politique ainsi que de la violence régnant dans le pays. Bastardilla est une street artiste venant de Bogota, elle tapisse la capitale colombienne d’images de femmes, mais on retrouve aussi son travail dans d’autres pays tels que la Belgique, l’Allemagne ou l’Italie où elle travaille avec de nombreux artistes.

Le blog

Le blog de Bastardilla est une arme poétique et un hommage à la résistance et à l’empoderamiento des femmes, on y retrouve des dessins revendiquant la place de la femme dans la société colombienne ; comme sur ce dessin ou une femme déracine des godets de pelleteuses dont les racines sont des crânes humains, tandis que sa fille porte dans ses bras un arbre à replanter. Les femmes et la nature sont des thèmes récurrents de ses œuvres et marquent notamment son opposition au machisme, au capitalisme et ici à l’exploitation de la terre.

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Naïel Lemoine : quand la photographie trans-cende les normes

Naïel Lemoine est un photographe, écrivain, poète, militant trans/genderqueer/non binaire. Il est d’abord connu pour son travail sur et dans le milieu lesbien/gouinE telle son exposition : http://naiel.net/Dykes_cadre.htm. Depuis son positionnement de minorisé, il entremêle travaux artistiques et réflexions politiques. Il a notamment écrit et auto édité La Cissexualité, ce douloureux problème : quant les minorités viennent nommer et questionner la norme issu de l’exposition du même titre en 2013 à Marseille.

Fucking norms, fucking genders …

« Destroy gender or fucking genders pour une société non binaire » est un projet  de 2007. Il a été présenté pour la première fois en 2008 au Centre LGBTI de Paris. L’exposition est également visible via le médium internet (http://www.naiel.net/index.htm) dans la rubrique « fucking genders » http://www.naiel.net/Fucking_cadre.htm. Ces clichés photographiques dévoilent la multiplicité de corps en résistance (corps trans, corps intersexe, corps queer dont butch, etc) qui se battent contre le/s régimes qui les construisent et tendent  à prouver la fausse naturalité du système sexe/genre. Continue reading

Micaela Távara y las mujeres peruanas: vaginas, polleras y disparidad

¿Te acuerdas cuando…?

 Te acuerdas cuando los golpes militares eran una constante, la inestabilidad económica ahogaba a la sociedad peruana, el miedo a ser víctima del terrorismo robaba el sueño a tantas personas y lo indígena no era una buena imagen para el país.

Ilustración 1: »El Perú después de 15 años de violencia (1980-1995) » – Rodrigues Montoya Rojas

“[…]porque mis enemigos me persiguen,
halconcito.
Escapé a escondidas
halconcito. […] »

 

Pero ¿acaso solo es un recuerdo?, ¿hemos superado aquella época todos? La artivista Micaela Távara pone sobre la mesa una serie de temas que nos lleva a repensar y cuestionar nuestro presente, nos hace preguntarnos ¿todos los peruanos vivimos la maravillosa coyuntura?

Ilustración 2: Micaela Távara Arroyo (en el centro)

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Monica Mayer : l’artivisme collaboratif au service de l’émancipation féminine

Sous le titre “Si tiene dudas… Pregunte” (si vous avez des doutes… Demandez), l’artiste mexicaine Monica Mayer nous présente son exposition “rétro-collective” qui lui a été consacrée au Musée Universitaire d’Art Contemporain de Mexico en 2016. Au travers de cette exposition, Monica mêle l’art et la lutte contre le harcèlement sexuel. L’artiste insiste sur le fait qu’elle conçoit l’exposition comme un moyen, et non une fin en soi. En d’autres termes, elle envisage l’exposition comme un acte politique, un moyen d’action permettant de faire naître un processus de changement social.

Afin d’étendre la temporalité de cette exposition, l’artiste a regroupé son travail au sein d’un blog, qui fait partie intégrante de l’exposition :

http://pregunte.pintomiraya.com/index.php

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LUTTE ANTI-PATRIARCALE EN BOLIVIE :“MUJERES CREANDO” ET FÉMINISME COMUNAUTAIRE

La désobéissance, la résistance et l´anarchisme sont les caractéristiques, révolutionnaires pour l´époque et le milieu social, où naissait le collectif « Mujeres Creando » : la Bolivie des années 90. Cette société aux traits patriarcaux, racistes, classicistes et conservateurs avait mené Maria Galindo et Julieta Paredes à former ce mouvement féministe, artistique et politique

Ces «agitatrices de la rue » comme elles s´auto-dénomment, d´origine aymara, ouvertement lesbiennes se faisaient connaître par leurs écrits contestataires, autant par leur contenu que par leur support, les graffiti sur les murs de la ville de la Paz Continue reading

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